L’Union européenne aggrave les difficultés de l’Algérie en l’inscrivant sur la liste noire

Les autorités algériennes tentent d’éluder l’inefficacité de leurs réformes économiques souvent vantées, tout en accusant la France d’exploiter les tensions bilatérales pour régler ses comptes.
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Les médias algériens ont vivement critiqué l’Union européenne suite à l’annonce de la mise à jour de sa liste des pays à haut risque en matière de lutte contre le blanchiment d’argent, incluant désormais l’Algérie. Cette décision est perçue comme politisée, dans un contexte de relations tendues avec plusieurs pays européens, notamment la France. L’ampleur de cette réaction traduit l’impact négatif que ce classement pourrait avoir sur l’économie algérienne.
Les médias proches du pouvoir algérien tentent de présenter cette décision comme une manœuvre politique, mêlant des éléments de désinformation pour détourner l’attention des causes internes de cette inscription. Ils invoquent les différends diplomatiques pour minimiser la portée technique de cette mesure, qui impose pourtant aux institutions financières européennes des contrôles accrus sur les transactions liées à l’Algérie.
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Bien qu’il s’agisse d’un dispositif technique de l’UE pour protéger son système financier, des journaux comme El Khabar affirment, en citant de mystérieux « observateurs », que cette décision ignore les efforts législatifs et réglementaires de l’Algérie dans la lutte contre la criminalité financière, et soulève des interrogations sur ses motivations politiques.
Le journal souligne également que cette annonce survient alors que les relations entre l’Algérie et l’UE se refroidissent, notamment à cause du rapprochement d’Alger avec des partenaires extra-européens comme la Chine, la Russie ou la Turquie, et des tensions persistantes avec la France.
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La théorie du complot, souvent utilisée par le pouvoir algérien, a refait surface, suggérant que ce classement pourrait être utilisé pour freiner les ambitions économiques de l’Algérie en Afrique et en Méditerranée, notamment à travers la monnaie commune de l’Union africaine ou les initiatives des BRICS.
Selon ces mêmes médias, la décision de l’UE reflète une confusion entre les critères techniques et les considérations politiques, accusant Bruxelles de double standard, même si l’Algérie a pris des mesures concrètes dans la lutte contre le blanchiment d’argent.
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La France est pointée du doigt comme étant à l’origine de cette décision, accusée de manipuler les institutions européennes pour ses propres intérêts. Ces accusations s’inscrivent dans une rhétorique déjà bien rodée, utilisée chaque fois que la relation bilatérale se dégrade.
Les tensions entre Alger et Paris ont atteint un niveau critique, malgré une tentative d’apaisement lors d’un appel téléphonique entre les présidents Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron le 31 mars dernier. Cet effort diplomatique a échoué après l’arrestation à Paris d’un employé consulaire algérien dans le cadre de l’enlèvement de l’opposant Amir DZ, ce qui a conduit l’Algérie à expulser douze diplomates français — une mesure immédiatement réciproque de la part de la France.
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Depuis, les gestes hostiles se sont enchaînés, notamment avec l’arrestation de l’écrivain algéro-français Boualem Sansal par les autorités algériennes pour des propos jugés attentatoires à la souveraineté nationale. En parallèle, des influenceurs algériens ont été interpellés à Paris par les autorités françaises, certains risquant même l’expulsion.
Cependant, l’argument politique avancé par Alger pour contester son inclusion sur la liste noire semble être un écran de fumée, visant à masquer l’échec des réformes économiques promises par les autorités.
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Un rapport du magazine français Jeune Afrique précise que l’Union européenne considère que les pays inscrits sur cette liste présentent des déficiences stratégiques dans leurs systèmes de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, des lacunes jugées comme des menaces sérieuses pour le système financier européen.
La Commission européenne a ainsi décidé d’ajouter l’Algérie, l’Angola, la Côte d’Ivoire, le Kenya et la Namibie à cette liste, en cohérence avec celle du GAFI (Groupe d’action financière), une organisation internationale de surveillance du blanchiment. Le GAFI comprend notamment l’Afrique du Sud, qui figure elle-même sur la liste européenne de surveillance.
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La Commission reconnaît que ces pays ont pris des engagements politiques élevés et mis en place des plans d’action avec le GAFI pour combler les lacunes identifiées, mais souligne que ces dernières n’ont pas encore été entièrement corrigées.
En mai 2024, l’UE a adopté un nouvel arsenal législatif, avec la création d’une autorité de lutte contre le blanchiment, dotée de pouvoirs de surveillance sur les entités financières à haut risque.
L’inscription sur la liste noire n’est pas définitive : si cinq pays africains ont été ajoutés le 10 juin, deux — le Sénégal et l’Ouganda — en ont été retirés, car ayant comblé leurs déficiences, selon la Commission.