Politique

L’Iskander-M russe change les règles du jeu tandis que le Patriot vacille


Selon la revue américaine The National Interest, les avancées technologiques et tactiques dont dispose Moscou lui confèrent un net avantage dans la guerre des missiles et révèlent la faiblesse de la base industrielle occidentale.

Les défenses aériennes ukrainiennes traversent actuellement l’une des phases les plus critiques depuis le début du conflit, avec une chute spectaculaire de leur capacité à intercepter les missiles russes. D’après des rapports militaires et de terrain concordants, l’efficacité des systèmes occidentaux livrés à Kiev — tels que le Patriot, le NASAMS et l’IRIS-T — est passée d’environ 34 % en septembre dernier à moins de 6 % récemment.

Le journaliste Andrew Day, de The American Conservative, a rapporté, à son retour de Kiev, que les défenses aériennes de la capitale sont désormais « presque inexistantes », les systèmes occidentaux ne fonctionnant que de manière sporadique face aux essaims de missiles et de drones russes frappant les villes ukrainiennes la nuit.

Supériorité tactique et technologique russe

Les experts attribuent ce déclin à l’évolution rapide des technologies de missiles russes, notamment le 9K720 Iskander-M, qui représente un défi majeur pour les systèmes américains MIM-104 Patriot.

Contrairement à la trajectoire balistique prévisible de la plupart des missiles, l’Iskander adopte désormais des trajectoires « quasi balistiques » dynamiques, changeant brusquement de direction ou effectuant des manœuvres imprévisibles en phase terminale. Ces mouvements soudains perturbent les radars et les calculateurs des missiles d’interception américains, qui reposent sur un modèle de trajectoire fixe pour viser leur cible.

Leurres électroniques et saturation radar

Les Russes n’ont pas limité leurs innovations à la manœuvre aérienne. Les Iskander-M sont désormais équipés de dispositifs capables d’émettre, dans la phase finale du vol, de fausses signatures radar, trompant les systèmes occidentaux qui détournent alors leurs missiles vers des cibles fictives. Pendant ce temps, le missile réel poursuit sa trajectoire vers son objectif.

De plus, les brusques changements de direction exploitent les failles radar des batteries Patriot, réduisant à quelques secondes la fenêtre de réaction disponible, ce qui rend l’interception presque impossible.

Une guerre industrielle inégale

Sur le plan de la production, Moscou domine également par sa capacité à produire en masse dans un cadre d’économie de guerre pleinement mobilisée, tandis que Kiev dépend de chaînes de fabrication limitées aux États-Unis et en Europe, en plus d’infrastructures locales souvent endommagées.

Avec un nombre restreint de batteries Patriot et de missiles intercepteurs, les défenses ukrainiennes sont incapables de faire face aux « attaques saturées » russes, consistant à lancer simultanément un grand nombre de missiles et de drones pour submerger et disperser les défenses adverses.

Le Patriot perd de son éclat

Bien que le système Patriot soit théoriquement capable d’intercepter certains missiles balistiques, les nouvelles tactiques russes ont réduit considérablement son efficacité. Pour rétablir l’équilibre, l’Ukraine aurait besoin de renforts massifs — davantage de batteries, de missiles, et une couverture radar étendue — ainsi que de mises à jour technologiques.

Cependant, ces besoins se heurtent à la lenteur de la production occidentale et au manque de ressources industrielles, alors que la Russie, portée par une économie de guerre soutenue, continue d’alimenter le front à un rythme supérieur et à moindre coût.

Face à cette supériorité, Kiev tente d’obtenir des missiles américains à longue portée Tomahawk pour renforcer ses capacités offensives et frapper le territoire russe, une tentative de compenser sa faiblesse défensive.

Mais les analystes estiment que cette stratégie ne modifiera pas fondamentalement l’équilibre des forces, Moscou jouissant désormais d’une avance technologique et industrielle difficile à combler à court terme. Pendant que la Russie perfectionne son arsenal et affine ses tactiques, l’Occident se confronte à la vulnérabilité de ses systèmes et à une guerre d’usure où l’Ukraine s’enfonce dans une impasse stratégique de plus en plus périlleuse.

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