Politique

L’Iran entraîne des partisans d’al-Assad dans des camps irakiens pour déstabiliser la Syrie


Un rapport américain accuse Téhéran de former, dans des camps situés dans la province dAl-Anbar et avec laide de factions irakiennes alliées, des éléments ayant fui vers lIrak après la chute du régime al-Assad, afin de mener des attaques en Syrie et tenter de restaurer son influence.

Des rapports de renseignement et médiatiques ont révélé des mouvements iraniens organisés visant à rétablir l’influence militaire et politique de Téhéran en Syrie. Cette stratégie passe par le recrutement et l’entraînement de combattants syriens dans des camps situés dans le désert irakien, dans le cadre d’un plan global pour raviver la présence iranienne après la chute du régime de l’ancien président syrien Bachar al-Assad. Cela place une lourde responsabilité sur Bagdad, qui doit faire face à ces menaces et assurer la stabilité aux frontières.

Selon le site américain The Media Line, l’Iran forme actuellement des éléments pro-régime syrien dans des camps de la province d’Al-Anbar, près de la frontière syrienne, avec l’appui de milices locales pro-iraniennes. Ces camps accueillent des milliers de combattants affiliés à l’ancien régime, ayant fui la Syrie après l’effondrement de son système sécuritaire et militaire.

Ces camps sont principalement situés dans des zones connues comme Al-Qaïm et Jurf al-Sakhar, bastions traditionnels de l’influence iranienne. Des témoignages de résidents locaux et de témoins oculaires confirment que des centaines de combattants syriens ont été vus transportés dans des véhicules tout-terrain, supposément affiliés à des milices irakiennes liées à l’Iran, vers ces camps désertiques. L’entraînement est supervisé directement par des officiers du Corps des Gardiens de la révolution islamique, illustrant la persistance de l’ingérence iranienne en Syrie via des acteurs non officiels après la perte de son influence directe.

La chute du régime de Bachar al-Assad et son exil à Moscou ont provoqué un vide politique important en Syrie. Toutefois, le gouvernement transitoire dirigé par Ahmad Al-Charaa a rapidement imposé son autorité sur les institutions de l’État et rétabli progressivement la sécurité. Malgré cela, les tentatives des éléments du régime déchu demeurent actives dans certaines régions, appuyées par des soutiens étrangers, avec pour objectif de saper la transition politique, comme cela a été observé dans la région côtière en mars dernier.

Des rapports sécuritaires font état de l’implication de Rami Makhlouf, homme d’affaires et cousin d’al-Assad, dans la formation de milices appelées « Forces d’élite », en coordination avec l’ancien général Souheil Al-Hassan, connu pour sa proximité avec Moscou. Bien que ces forces prétendent protéger les habitants de la côte syrienne, les faits indiquent qu’elles constituent une tentative de résurgence du régime précédent, bénéficiant d’un appui extérieur, notamment iranien.

Ces manœuvres ont suscité l’inquiétude des services de sécurité irakiens, surtout face à l’intensification des activités suspectes à la frontière irako-syrienne. L’ancien officier irakien Omar Al-Karbouli a déclaré que « le regroupement près de la frontière syrienne ne peut être qualifié de mouvement défensif ou fortuit, mais constitue une tentative claire de l’Iran et de ses milices de semer le chaos en Syrie depuis l’extérieur ». Il a ajouté que « le gouvernement irakien est conscient de ces mouvements, mais n’a pris aucune mesure concrète, ce qui pourrait nuire à la stabilité de l’Irak lui-même ».

Al-Karbouli a mis en garde contre l’implication iranienne via le territoire irakien, plaçant Bagdad dans une position délicate tant sur le plan interne qu’international, surtout à l’heure où la pression s’intensifie pour sécuriser les frontières et empêcher leur utilisation pour des opérations menaçant la sécurité régionale.

Par ailleurs, des dirigeants de factions armées et de forces politiques issues du cadre de coordination pro-iranien ont critiqué les efforts du Premier ministre Mohammed Shia Al-Sudani visant à se rapprocher de Damas, notamment en invitant le président syrien Ahmad Al-Charaa à participer au sommet arabe prévu à Bagdad en mai.

Le gouvernement irakien subit des pressions régionales et internationales croissantes, accusé de faire preuve de laxisme envers les milices soutenues par Téhéran opérant sur son sol, notamment celles impliquées dans le trafic et la formation de combattants armés menaçant la sécurité syrienne. Des doutes planent sur la volonté réelle de Bagdad de contrôler ses frontières occidentales devenues des couloirs d’activités illégales nuisant à la stabilité de la Syrie et entravant la transition politique. Des sources diplomatiques rapportent que l’Irak a récemment été accusé par plusieurs pays arabes et occidentaux de ne pas désarmer ni démanteler les milices échappant au contrôle de l’État, malgré les risques qu’elles font peser sur la sécurité intérieure et régionale.

Malgré ces critiques, les autorités irakiennes ont exprimé de réelles inquiétudes face à la résurgence du terrorisme transfrontalier, et ont demandé à Damas, dans le cadre du rapprochement en cours, de renforcer la coopération sécuritaire et renseignementière le long de la frontière. En conséquence, la responsabilité incombe désormais au gouvernement irakien de contrer toute tentative de déstabilisation de la nouvelle Syrie, ce qui exige des actions concrètes dépassant les simples déclarations, notamment un contrôle total des points de passage et l’arrêt de tout soutien logistique aux activités illégales.

Avec le recul de l’influence iranienne en Syrie et la perte d’un allié stratégique majeur, la République islamique s’appuie désormais davantage sur ses relais en Irak et au Liban pour maintenir sa présence régionale. Cette stratégie se heurte toutefois à une nouvelle réalité politique à Damas, incarnée par un gouvernement de transition soutenu régionalement et engagé dans la reconstruction institutionnelle et la stabilisation.

Ainsi, les agissements iraniens depuis le territoire irakien constituent aujourd’hui un test crucial pour la communauté internationale et les pays voisins, quant à leur volonté réelle de soutenir la stabilité syrienne et de faire face aux ingérences étrangères menaçant la renaissance du pays.

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