L’Irak est-il prêt à procéder à une expulsion collective des détenues et des enfants affiliés à Daech ?

Dans une démarche décisive visant à affronter l’héritage laissé par l’organisation Daech, le ministère irakien de la Justice a annoncé un plan de rapatriement collectif des prisonnières étrangères et arabes, accompagnées de leurs enfants, vers leurs pays d’origine. Cette mesure cherche à alléger le fardeau financier et sécuritaire de l’État, tout en protégeant la société de l’influence persistante de l’idéologie extrémiste sur des enfants ayant grandi dans un environnement marqué par le djihadisme.
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Le plan prévoit la mise en place d’un comité supérieur, présidé par le ministre de la Justice et composé de représentants du Conseil supérieur de la magistrature, du ministère des Affaires étrangères et du Conseil national de sécurité. Ce comité sera chargé d’élaborer un mécanisme précis pour assurer une expulsion collective dans des conditions sûres et conformes au droit, tout en respectant les droits fondamentaux des femmes et des enfants, et en garantissant leur sécurité afin d’éviter toute répercussion négative de l’idéologie de Daech sur la société irakienne.
Les données disponibles indiquent que ce dossier concerne plus de 700 personnes, parmi lesquelles environ 550 femmes et 152 enfants de différentes nationalités, ce qui rend l’exécution collective particulièrement complexe et délicate.
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Cependant, des obstacles diplomatiques se posent : certaines nations ont exprimé leur volonté de reprendre leurs ressortissants, tandis que plusieurs pays européens demeurent réticents, invoquant des risques sécuritaires et politiques. Cette hésitation place l’Irak devant un défi diplomatique majeur, où il doit concilier ses engagements internationaux, la protection de sa sécurité intérieure et la nécessité d’assurer la réinsertion des enfants d’une manière qui empêche toute résurgence de l’extrémisme.
Sur le plan juridique, la décision de rapatriement collectif s’aligne à la fois sur la Constitution irakienne, qui interdit le soutien au terrorisme, et sur les normes internationales qui rappellent aux États leur responsabilité de reprendre leurs citoyens, afin de les juger ou de faciliter leur réhabilitation et leur réintégration, tout en mettant l’accent sur la protection des droits des enfants et des mères, premières victimes de l’environnement terroriste dans lequel ils ont vécu.
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Ce dossier constitue donc un test réel de la capacité de l’Irak à conjuguer les dimensions sécuritaire, humanitaire et juridique, particulièrement dans un cadre d’expulsion collective qui requiert un haut niveau de coordination et des procédures rigoureuses.
La réussite de ce plan pourrait faire de l’Irak un modèle international dans la gestion de dossiers terroristes complexes, en réaffirmant à la fois son engagement à protéger la société, à sanctionner les responsables de crimes, et à proposer des solutions humanitaires aux femmes et enfants affectés par l’idéologie extrémiste.