L’interdiction de manger du poulet et la fatwa sur le pèlerinage sans autorisation : Quelle relation avec le courant des Frères musulmans ?
Les fatwas controversées de l’érudit mauritanien Muhammad Al Hassan Oueld Ad Dedou suscitent de vives réactions en raison de leur caractère parfois étrange et des conséquences qui en découlent. La dernière en date est sa fatwa permettant le pèlerinage sans autorisation, considérant que l’autorisation est une innovation et ne figure pas dans le Coran, ce qui a entraîné une augmentation du nombre de décès parmi les pèlerins non réglementaires cette année.
Ces fatwas controversées sont perçues par certains observateurs comme le résultat de l’empressement d’Oueld Ad Dedou à se montrer dans les médias et à exploiter le capital médiatique dont il bénéficie pour soutenir les orientations politiques du courant des Frères musulmans.
Ils estiment que l’alignement avec le courant des Frères musulmans et le souci de promouvoir l’image de ses dirigeants, de les défendre et de les présenter au public pour servir des agendas et des intérêts régionaux ont coûté à l’érudit ce que d’autres ont acquis en préférant servir la religion et la communauté en dehors des orientations politiques.
Parmi les fatwas étranges émises par Oueld Ad Dedou, figure l’interdiction de manger du poulet égyptien et la recommandation de consommer du poulet turc importé en Mauritanie. Cette fatwa a été émise en 2016 et 2019, affirmant que le poulet turc est halal et produit par des entreprises musulmanes qui versent la zakat, contrairement aux poulets importés d’Égypte, d’Europe et des États-Unis, qui seraient mélangés avec du sang.
Beaucoup critiquent également sa fatwa sur le mariage secret, un problème social en Mauritanie. Alors que beaucoup espéraient qu’un érudit réputé pourrait persuader la communauté des dangers de ce phénomène et œuvrer pour le limiter, Oueld Ad Dedou a déclaré que le mariage secret est valide s’il remplit toutes les conditions légales, et que l’annonce du mariage est une tradition et non une obligation, l’essentiel étant qu’il soit enregistré auprès d’un juge.
Concernant les communications via les réseaux sociaux, Oueld Ad Dedou a expliqué que le contenu des discussions doit rester dans les limites de la légalité et que l’attrait de la voix ou de l’image ne doit pas influencer les échanges.
Pour ce qui est des transactions commerciales entre les sexes, il a jugé que si un homme achète quelque chose à une femme en raison de sa beauté ou pour discuter avec elle, cela est interdit car cela peut créer une suspicion de plaisir.
Parmi les fatwas controversées d’Oueld Ad Dedou, on trouve aussi celle permettant le pèlerinage sans autorisation, ce qui a causé un grand nombre de décès parmi les pèlerins non réglementaires, affectés par la chaleur et les déplacements sans nourriture.
Les déclarations d’Oueld Ad Dedou qui ont suscité des moqueries incluent la croyance que la lèpre est une morsure du diable, que le mariage d’un homme avec une djinn est permis, mais que celui d’une musulmane avec un djinn ne l’est pas. Oueld Ad Dedou a également rétracté plusieurs de ses fatwas, notamment celles concernant l’esclavage en Mauritanie, la takfir du leader du mouvement « IRA » Biram Ould Dahoud, qui avait brûlé des livres juridiques sur l’esclavage, et l’interdiction pour les riches de donner la zakat aux membres de la tribu des Oulémas, les considérant tous comme nobles.
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Il est à noter qu’en 2003, Oueld Ad Dedou avait émis une fatwa sur l’obligation de voter pour le candidat le plus compétent, exprimant son soutien au candidat des Frères musulmans, Mohamed Khouna Ould Haidallah, malgré le fait qu’il avait bénéficié quelques mois auparavant d’une grâce présidentielle de l’ex-président Ould Taya.
Oueld Ad Dedou avait également échappé à la prison centrale de Nouakchott avec des dirigeants du courant islamique qui étaient alors détenus, profitant du chaos qui a suivi la tentative de coup d’État du 8 juin 2003. Il était accusé d’avoir tenté de déstabiliser le pays en formant un « Front islamique secret ».