L’essor alarmant des décès dus au choléra : l’OMS tire la sonnette d’alarme

Au cours des derniers mois, plusieurs pays à travers le monde ont observé une recrudescence inquiétante des cas de choléra et des décès associés. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a lancé des alertes répétées, qualifiant cette situation de « crise sanitaire majeure », et appelant à une mobilisation internationale immédiate.
Une résurgence inquiétante
Le choléra, maladie diarrhéique aiguë causée par la bactérie Vibrio cholerae, continue d’être un indicateur de la vulnérabilité sanitaire mondiale. Les foyers les plus graves se situent principalement en Afrique subsaharienne, notamment au Yémen, au Nigeria, en République démocratique du Congo et au Soudan du Sud, ainsi qu’en Asie du Sud et certaines régions d’Amérique latine. Ces zones présentent souvent des infrastructures sanitaires fragiles, des conflits persistants et des catastrophes naturelles récurrentes.
Selon le dernier rapport épidémiologique de l’OMS publié en août 2025, plus de 1,2 million de cas suspects ont été recensés depuis le début de l’année, avec plus de 15 000 décès confirmés, soit une hausse de 35 % par rapport à l’année précédente. Dans certains pays comme le Yémen, le taux de létalité atteint désormais 2,5 %, bien au-dessus du seuil critique de 1 % qui alarme les organisations sanitaires.
Facteurs aggravants
Plusieurs éléments expliquent cette aggravation :
- Accès limité à l’eau potable et à l’assainissement : dans les zones touchées, l’eau contaminée est le vecteur principal de transmission. L’absence de latrines sûres et l’insuffisance des systèmes d’égouts accentuent le risque de propagation.
- Conflits et déplacements massifs : les guerres et crises humanitaires entraînent l’effondrement des systèmes de santé, la destruction des infrastructures et la concentration de populations dans des camps surpeuplés.
- Changements climatiques : les inondations, sécheresses et cyclones créent des conditions propices à la prolifération de la bactérie. Par exemple, les récentes inondations au Soudan du Sud et au Bangladesh ont fortement accéléré la contamination de l’eau et la diffusion du choléra.
- Retard dans la vaccination et couverture inégale : malgré l’existence de vaccins oraux efficaces, leur distribution reste insuffisante et mal coordonnée, laissant de larges populations vulnérables.
Témoignages du terrain
Dans les camps de réfugiés du nord du Nigeria, des responsables locaux ont décrit des scènes alarmantes. Aminat Yusuf, infirmière dans un centre de traitement, raconte : « Chaque jour, nous recevons des dizaines de patients, souvent des enfants. Beaucoup arrivent déjà déshydratés et certains ne survivent pas malgré nos efforts. La situation est critique. »
Au Yémen, le Dr Ali Al-Hadrami a alerté sur les conséquences de la guerre : « Nos hôpitaux sont surchargés. Les pénuries d’eau et de nourriture aggravent la situation. Sans intervention internationale massive, nous risquons une catastrophe humanitaire. »
Réponses sanitaires et stratégies de prévention
L’OMS, en coordination avec Médecins Sans Frontières (MSF), le Programme alimentaire mondial (PAM) et les gouvernements locaux, préconise une approche multidimensionnelle :
- Renforcement de la surveillance épidémiologique : identifier rapidement les foyers et suivre la propagation de l’épidémie pour cibler les interventions.
- Distribution d’eau potable et amélioration de l’assainissement : fournir des kits d’hygiène, des filtres portables et construire des installations sanitaires temporaires et durables.
- Vaccination de masse : les campagnes de vaccination orale contre le choléra sont déployées dans les zones les plus touchées, en particulier auprès des enfants et des populations déplacées.
- Sensibilisation communautaire : informer les populations sur les mesures d’hygiène, l’importance du lavage des mains et l’usage exclusif d’eau potable.
Enjeux humanitaires et économiques
Au-delà de la santé publique, la recrudescence du choléra a des conséquences socio-économiques majeures. Les fermetures temporaires d’écoles et de marchés, la baisse de productivité et la perturbation des chaînes d’approvisionnement aggravent la pauvreté. Les systèmes de santé locaux, déjà fragiles, sont submergés, mettant en danger les soins essentiels pour d’autres maladies.
Perspectives et appel à l’action
L’OMS insiste sur la nécessité d’une coordination internationale renforcée. Les investissements dans les infrastructures sanitaires, l’accès à l’eau potable et la vaccination sont essentiels pour prévenir la propagation future. Les organisations humanitaires appellent à une mobilisation urgente des fonds et du personnel, avertissant que chaque jour perdu peut se traduire par de nouvelles vies perdues.
En conclusion, la montée alarmante des décès dus au choléra rappelle que cette maladie reste un défi majeur pour la santé publique mondiale. Une réponse rapide, coordonnée et durable est indispensable pour protéger des millions de vies et prévenir une catastrophe humanitaire de grande ampleur.