Les Tunisiens : l’initiative de Ghannouchi n’est qu’une manœuvre d’évasion
Les Tunisiens considèrent que l’initiative du leader d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, n’est qu’une manœuvre pour échapper aux poursuites pour corruption et financement du terrorisme.
Ghannouchi a réclamé des élections présidentielles et législatives prématurées en Tunisie, pour sortir de ce qu’il a qualifié de « crise politique », à la suite de la décision du président Kaïs Saïed de démettre le gouvernement précédent et de geler le fonctionnement du parlement en Juillet dernier.
Mais les militants et les observateurs pensaient que l’invitation était juste une tentative d’échapper aux poursuites pour corruption et financement du terrorisme, en particulier après avoir divulgué des informations sur les poursuites judiciaires qui montraient que Ennahdha et d’autres partis étaient impliqués dans des dossiers de corruption, concernant des fonds étrangers et la publication d’ordres douteux.
L’avocat et activiste politique tunisien, Hazem El Kassouri, dit que les appels à la tenue d’élections anticipées ne sont pas à l’ordre du jour du peuple tunisien à ce stade, d’autant plus que la Tunisie est confrontée à des défis majeurs face à la terreur et aux brutalités des Frères Musulmans en plus des pressions internationales.
Al-Kassouri a déclaré que l’accélération des procédures administratives et juridiques était au cœur de la préparation de la prochaine phase, qui a pour conditions l’application de la loi sur les irrégularités des élections de 2019, l’exclusion des parties et des individus impliqués par l’établissement de la comptabilité, l’établissement d’un processus véritablement démocratique et la préparation effective de nouvelles élections qui respectent la loi et le principe de transparence.
Invitation indésirable
De son côté, l’analyste politique tunisien Nezar El Jadidi considère que les tunisiens ne sauraient accepter l’invitation de Ghannouchi et ne permettrait pas une nouvelle fois aux Frères musulmans de revenir sur la scène politique dans le cadre d’un scénario de désolation et de corruption récurrent avant le 25 Juillet.
El Jadidi affirme que, les Tunisiens ont le droit de connaître les grandes lignes d’une feuille de route pour la prochaine phase politique, d’identifier les paramètres, les mécanismes et les garanties d’intégrité des prochaines élections, tout en s’engageant à garantir que les corrompus qui ont saboté la vie politique et la situation générale en Tunisie, en particulier les dirigeants d’Ennahdha, répondent de leurs actes.
Sondages
Les Tunisiens ne semblent pas très impressionnés par l’appel de Ghannouchi, surtout depuis l’effondrement de la popularité d’Ennahdha, comme le montrent les sondages qui montrent que la popularité du président Kaïs Saïed est en hausse constante.
Un récent sondage a montré que plus de 90 % des Tunisiens ont l’intention de voter pour le président Saïed lors de la prochaine élection présidentielle.
L’enquête menée par la société Sigma Conseil en collaboration avec le journal Al Maghrib indique que Saïed est en tête des intentions de vote avec 90,1 % de voix.
La présidente du Parti destourien libre, Abir Moussi, arrive en deuxième position avec 2,3 %, tandis que le journaliste Safi Saïd en troisième position avec 1,5 %.
En retour, le Parti destourien libre obtient 34 % des intentions de vote aux élections législatives.
72 % des Tunisiens interrogés font confiance au président, 71,7 % estimant que « le pays est en bonne voie ».