Les restrictions américaines sur les visas s’étendent à tous les Palestiniens

L’administration américaine interdira désormais aux Palestiniens de se rendre aux États-Unis pour des raisons médicales, universitaires ou professionnelles.
Selon le New York Times, les États-Unis ont suspendu presque toutes les approbations de visas pour les détenteurs de passeports palestiniens, après avoir auparavant limité ces mesures aux habitants de Gaza et à certains responsables de l’Autorité palestinienne, dont Mahmoud Abbas.
D’après des responsables anonymes cités par le journal, les restrictions vont au-delà des annonces initiales de l’administration Trump, en interdisant aux Palestiniens de voyager aux États-Unis pour recevoir des soins médicaux, poursuivre des études supérieures ou entreprendre des missions professionnelles.
Aux États-Unis, y compris à Washington, les manifestations contre la guerre israélienne à Gaza se multiplient. Des étudiants américains ayant exprimé leur solidarité avec les Palestiniens ont subi des pressions, allant jusqu’à l’arrestation et l’expulsion de leurs établissements.
Il y a deux semaines, le Département d’État avait déjà annoncé la suspension de toutes les demandes de visa de visiteurs en provenance de Gaza, en attendant une révision « complète et approfondie », une décision condamnée par des groupes pro-palestiniens.
Vendredi dernier, Washington a confirmé qu’elle refuserait à Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne, de se rendre à New York pour participer à l’Assemblée générale des Nations Unies en septembre. Environ 80 autres responsables palestiniens seraient également visés par cette mesure, annulant leurs visas d’entrée.
Abbas, qui devait assister à la session annuelle de haut niveau de l’Assemblée générale, devait également participer à un sommet au cours duquel plusieurs pays, dont la France, le Royaume-Uni, l’Australie et le Canada, devaient reconnaître officiellement l’État de Palestine. Son bureau a dénoncé une violation de l’« Accord du siège » de 1947, qui oblige les États-Unis à faciliter l’accès des diplomates étrangers au siège de l’ONU à New York, sauf en cas de menaces liées à la sécurité ou à la politique étrangère.
Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abu Rudeineh, a demandé à Washington de revenir sur ce qu’il qualifie d’atteinte au droit international. Des critiques similaires ont été exprimées par plusieurs ministres européens, dont le Français Jean-Noël Barrot et l’Irlandais Simon Harris, qui ont appelé l’Union européenne à protester avec force. Le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a jugé la décision « injuste », affirmant que la Palestine a le droit de faire entendre sa voix à l’ONU.
Pour justifier ces restrictions, les États-Unis ont répété leurs accusations de longue date selon lesquelles l’Autorité palestinienne et l’Organisation de libération de la Palestine n’ont pas renoncé à la violence tout en cherchant à obtenir une reconnaissance unilatérale de l’État palestinien. Les responsables palestiniens rejettent ces accusations, rappelant que des décennies de négociations sous médiation américaine n’ont pas permis de mettre fin à l’occupation israélienne ni de concrétiser l’État palestinien.
Washington a toutefois précisé que les restrictions ne concernaient pas la mission palestinienne permanente auprès des Nations Unies. L’ONU, par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, a annoncé vouloir discuter du sujet avec le Département d’État.
Ce n’est pas la première fois que les États-Unis refusent un visa à un dirigeant palestinien : en 1988, Yasser Arafat s’était vu refuser l’entrée, contraignant l’Assemblée générale de l’ONU à se réunir exceptionnellement à Genève.
La décision actuelle s’inscrit dans un contexte de tensions accrues, alors que plusieurs alliés occidentaux des États-Unis se disent prêts à reconnaître l’État palestinien en réponse à la guerre meurtrière à Gaza et à l’expansion des colonies en Cisjordanie.
Actuellement, 147 pays sur 193 membres de l’ONU reconnaissent officiellement la Palestine, qui dispose du statut d’observateur permanent, au même titre que le Vatican. Washington maintient toutefois que la création d’un État palestinien ne peut résulter que de négociations directes avec Israël.