Politique

Les pourparlers nucléaires avec l’Iran reviennent à Rome… Une cinquième session sous le signe du doute


Les négociations sur le programme nucléaire iranien reprennent ce vendredi à Rome, dans le cadre d’un cinquième cycle parrainé par le sultanat d’Oman. Toutefois, peu d’optimisme entoure ces discussions, tant les négociations butent encore sur la question du niveau d’enrichissement de l’uranium.

Entamés le 12 avril dernier, ces pourparlers entre Téhéran et Washington marquent les échanges les plus directs depuis l’accord international signé en 2015 sur le nucléaire iranien, accord dont les États-Unis se sont retirés en 2018 sous la présidence de Donald Trump. Ce dernier avait alors rétabli des sanctions dans le cadre d’une politique de « pression maximale », stratégie que l’administration actuelle cherche à réviser via un nouvel accord, tandis que l’Iran espère une levée des sanctions asphyxiant son économie.

Un point de blocage persistant

La question de l’enrichissement de l’uranium constitue l’élément de discorde majeur. Le représentant américain au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a déclaré que les États-Unis « ne pouvaient tolérer ne serait-ce qu’1 % de capacité d’enrichissement ». De son côté, l’Iran, qui insiste sur le caractère civil de son programme, rejette cette exigence, qu’elle considère comme contraire à l’accord de 2015.

Le guide suprême Ali Khamenei a affirmé que l’Iran « n’attendait la permission de personne » pour poursuivre ses activités nucléaires, tout en exprimant son scepticisme quant à une issue favorable aux négociations actuelles.

À la veille de cette nouvelle session, l’Iran s’est dite ouverte à « davantage d’inspections » de ses installations nucléaires. Le ministre des Affaires étrangères Abbas Araghchi a assuré à la télévision d’État : « Notre programme est pacifique, nous n’avons donc aucune objection de principe à plus de transparence ».

Néanmoins, des « divergences fondamentales » persistent, a-t-il reconnu, avertissant que si Washington persiste à vouloir interdire l’enrichissement à l’Iran, « aucun accord ne pourra être conclu ».

L’expert politique iranien Mohammad Marandi a confirmé à l’AFP que l’Iran « ne renoncera jamais à son droit à l’enrichissement », déclarant : « Si les États-Unis s’attendent à ce que l’Iran y renonce, il n’y aura tout simplement pas d’accord ».

De son côté, le sénateur américain Marco Rubio a qualifié l’enrichissement pour l’Iran de « question de fierté nationale » et de « moyen de dissuasion ».

Contexte nucléaire et pressions internationales

L’accord initial plafonnait l’enrichissement à 3,67 %. Or, l’Iran a aujourd’hui atteint un taux de 60 %, proche des 90 % requis pour un usage militaire, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

En riposte au retrait unilatéral des États-Unis, l’Iran a progressivement cessé de respecter les limites fixées par l’accord.

Des pays occidentaux et Israël – que des experts considèrent comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient – soupçonnent l’Iran de vouloir développer l’arme atomique. Des allégations que Téhéran réfute fermement, réaffirmant le caractère exclusivement civil de son programme.

D’après CNN, Israël se préparerait à frapper les installations nucléaires iraniennes. Dans une lettre au secrétaire général de l’ONU, Abbas Araghchi a averti qu’en cas d’attaque israélienne, « le gouvernement américain en porterait la responsabilité juridique ».

Plus de 17 000 personnes travaillent dans le secteur nucléaire iranien, notamment dans les domaines énergétique et médical, selon le porte-parole de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique, Behrouz Kamalvandi.

Il a rappelé que plusieurs pays comme les Pays-Bas, la Belgique, la Corée du Sud, le Brésil et le Japon procèdent à l’enrichissement sans pour autant détenir d’armes nucléaires.

À l’agenda : l’AIEA en juin

La réunion de Rome intervient à l’approche d’une session du Conseil de l’AIEA prévue en juin à Vienne, où les activités nucléaires de l’Iran seront au cœur des discussions.

Bien que largement vidé de sa substance, l’accord de 2015 reste techniquement en vigueur jusqu’en octobre prochain. Il permet notamment le rétablissement automatique des sanctions si l’Iran ne respecte pas ses engagements.

Dans ce contexte, le mois dernier, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot a prévenu que la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni n’hésiteraient pas « une seconde » à réimposer les sanctions si la sécurité européenne était menacée.

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