Les pharmacies britanniques dans une impasse « sans précédent »… Pourquoi ?
Le secteur médical au Royaume-Uni traverse une crise sans précédent, en particulier dans le domaine pharmaceutique, avec des dizaines de pharmacies contraintes de fermer en raison du gel des financements publics depuis près d’une décennie.
Selon l’agence de presse espagnole, le système de santé britannique, le « NHS », fait face à de graves problèmes structurels, avec des listes d’attente longues et un manque de personnel ; c’est pourquoi le gouvernement cherche à alléger la pression sur les hôpitaux en transférant certaines responsabilités aux pharmacies.
Le NHS finance les pharmacies en Angleterre à hauteur de 2,6 milliards de livres sterling, un montant qui n’a pas évolué depuis plus de dix ans. Cependant, le secteur dénonce l’inflation et l’augmentation du coût de la vie, ce qui équivaut à une réduction de 40 % du financement au cours des dernières années.
Des pertes de plusieurs millions
Lorsque les pharmacies distribuent des médicaments aux patients, elles le font à perte. Paul Rees, directeur général de l’Association nationale des pharmacies, a expliqué que le secteur enregistre des pertes atteignant 108 millions de livres sterling par mois, soit environ 10 500 livres par établissement.
Rees a déclaré : « Les propriétaires de pharmacies demandent de l’argent à leurs proches pour refinancer leur logement, contractent des prêts auprès des banques ou utilisent leurs fonds de retraite pour garder leurs établissements ouverts », décrivant la situation du secteur au Royaume-Uni comme une « crise sans précédent ».
Il a ajouté que certaines régions du Royaume-Uni sont déjà devenues des « déserts pharmaceutiques » et que dans les zones rurales, de nombreuses pharmacies ont dû fermer, obligeant les patients à parcourir de plus longues distances pour consulter un pharmacien en personne et obtenir leurs médicaments.
On estime qu’environ 1 500 pharmacies ont fermé en Angleterre au cours de la dernière décennie, tandis que le nombre est resté stable dans d’autres régions comme l’Écosse, ce que Rees interprète comme un signe que « si vous financez correctement le secteur, il peut être durable ».
Des soins de santé en « déclin »
Selon Rees, les pharmacies sont « le cœur des soins de santé dans les communautés locales » au Royaume-Uni, servant plus de 1,6 million de personnes par jour. Mais après une décennie de déclin, le gouvernement devra augmenter le financement de 50 % pour maintenir le secteur « debout ».
Dans une tentative désespérée de se faire entendre, plusieurs associations de pharmaciens ont lancé la campagne « Sauvez nos pharmacies » en juin, avec une pétition adressée au ministre de la Santé, Wes Streeting, qui a déjà recueilli plus de 100 000 signatures, pour prendre des mesures et stopper cette fermeture massive de pharmacies.
Elles ont également lancé un vote interne pour envisager une réduction de leurs heures d’ouverture ou des services qu’elles proposent si la situation ne s’améliore pas, bien que certains estiment que cette initiative manque de « pouvoir efficace » ; en effet, les pharmacies fonctionnent « comme des sous-traitants » et ne peuvent pas faire grève faute de syndicat.
Le secteur pharmaceutique attend désormais avec impatience le premier budget du gouvernement travailliste dirigé par Keir Starmer, qui a déjà promis de faire de la réforme du NHS une priorité, espérant ainsi mettre fin à une décennie de gel des financements pour les pharmacies.