Société

Les incendies géants : une énigme préoccupante pour les scientifiques


À une époque où des incendies gigantesques détruisent des villes et génèrent des colonnes de fumée visibles depuis l’espace, les scientifiques admettent qu’ils sont encore loin de comprendre pleinement les multiples impacts de ces phénomènes sur l’humanité, la nature et le climat.

Athènes, Hawaï et Los Angeles ont récemment été ravagées par des incendies dévastateurs, tandis que les feux de forêt au Canada ont battu des records au cours des dernières années.

L’année dernière, un groupe de scientifiques du monde entier, soutenu par l’Agence spatiale européenne et le réseau Future Earth, a averti dans un rapport que ces changements dans l’intensité des incendies représentent un « danger sans précédent » qui reste encore largement méconnu.

Partout dans le monde, des chercheurs tentent de percer ce mystère. Certains embarquent à bord d’avions traversant les panaches de fumée, d’autres analysent des images satellites des colonnes de fumée visibles depuis l’espace, ou encore collectent des échantillons de sol et d’eau afin d’évaluer les effets des incendies sur les êtres humains et la planète.

Parfois, ces scientifiques eux-mêmes deviennent victimes des incendies.

« Le pire ennemi »

Stephen Pyne, historien spécialisé dans les incendies, souligne que le feu a longtemps été un « compagnon » de l’humanité, mais qu’il est désormais devenu « notre pire ennemi ».

Cet expert a qualifié notre époque de « Pyrocène », affirmant que le changement climatique du siècle dernier a rendu certaines conditions, comme la chaleur, la sécheresse et les vents violents, plus propices aux incendies dévastateurs.

Cependant, le réchauffement climatique n’est pas la seule cause de l’augmentation et de l’intensification des feux.

Des pluies abondantes, elles-mêmes amplifiées par le changement climatique en raison de la modification du cycle de l’eau, augmentent également les risques d’incendies. Ces pluies favorisent une croissance rapide de la végétation, qui devient ensuite un carburant idéal lors des périodes de sécheresse, comme cela a été observé à Los Angeles.

Des recherches menées en 2021 ont également établi un lien entre la fonte de la calotte glaciaire arctique et l’aggravation des feux de forêt dans l’ouest des États-Unis.

Mais les incendies peuvent parfois être déclenchés par des éclairs, des lignes électriques défaillantes ou tout simplement des actes volontaires.

Dans certaines régions, des stratégies inadéquates de prévention des incendies ont conduit à une accumulation de végétaux hautement inflammables.

Pollution

Les scientifiques continuent de découvrir de nouveaux effets des incendies.

Les incendies modifient les conditions météorologiques en influençant les vents, en libérant des suies dans l’atmosphère et en provoquant même des éclairs.

Ils génèrent également des quantités massives de dioxyde de carbone et affectent l’atmosphère terrestre.

En 2023, les incendies de forêt canadiens ont libéré en cinq mois une quantité de carbone supérieure aux émissions annuelles liées à la combustion de combustibles fossiles en Russie, selon des calculs de la NASA. Bien que les arbres aient absorbé une partie de ce carbone, les impacts restent considérables.

Toujours en 2023, des scientifiques ont démontré qu’une réaction chimique provoquée par la fumée des incendies gigantesques en Australie avait élargi le trou dans la couche d’ozone de 10 % en 2020.

Parfois, les incendies ont des conséquences inattendues.

Une étude a révélé que les cendres des incendies australiens étaient tombées dans l’océan, à des milliers de kilomètres, favorisant la prolifération de plancton qui a temporairement absorbé le dioxyde de carbone supplémentaire.

Ces cendres peuvent parcourir de longues distances. Joan Llort, du Centre de calcul intensif de Barcelone, a dirigé une étude montrant que certaines cendres avaient atterri sur la calotte glaciaire, accélérant ainsi sa fonte.

 

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