Les groupes armés kidnappent délibérément des Européens dans le Sahel africain : quelles sont leurs motivations ?
Les enlèvements d’Européens se multiplient dans les pays du Sahel. Il y a quelques jours, une femme autrichienne a été kidnappée au Niger, suivie par l’enlèvement d’un Espagnol au Mali voisin. Par le passé, des Français ont également été enlevés dans cette région.
Cependant, les groupes responsables de ces enlèvements ne réclament pas de rançon ou d’autres contreparties. Bien que les autorités européennes aient annoncé à plusieurs reprises leur travail pour libérer ces otages, les motivations derrière ces enlèvements restent floues.
Dans ce contexte, le politologue spécialisé dans les affaires africaines, Djelali Kraïs, explique que : « Ces enlèvements ne sont ni fortuits, ni motivés uniquement par des demandes de rançon, d’autant plus que de nombreux pays ont criminalisé le paiement de rançons, et même les pays du Sahel y sont fermement opposés. »
Kraïs poursuit: « Tout le monde connaît la situation dans le Sahel, l’insécurité chronique, la prolifération des conflits, et la faiblesse des États qui peinent à garantir la sécurité. Alors pourquoi ces Européens insistent-ils à visiter ces zones de tension ? Surtout qu’il s’agit de déserts dépourvus d’attractions touristiques. »
Il ajoute : « Je pense donc que tout ce qui se passe est planifié et vise à maintenir un état de chaos dans le Sahel. C’est précisément ce que l’Algérie a refusé, en criminalisant le paiement de rançons et en appelant à ne pas les payer. Pourtant, l’Occident ne prête pas attention aux avertissements de l’Algérie, qui connaît bien la région et œuvre pour préserver sa sécurité. »
Il souligne que « le paiement de rançons aux groupes terroristes produit des résultats contre-productifs. Cela renforce leur présence, soutient leur capacité à se réarmer, et approfondit l’instabilité dans le Sahel, rendant la résolution des crises encore plus difficile. »
Kraïs appelle à « un renforcement de la coordination sécuritaire et des renseignements entre les pays du Sahel et leurs voisins. »
De son côté, le politologue nigérien Mohamed El-Hadj Ousmane estime que : « Ce que font les groupes armés et terroristes en retenant des citoyens européens vise à faire pression sur les autorités européennes, les forçant à payer des sommes d’argent qui servent à recruter davantage de jeunes, les manipuler, et acheter des armes. »
Il a ajouté: « Le problème réside dans le fait que de nombreux pays européens paient ces rançons. Ils doivent changer leur stratégie et accroître leur coopération avec les autorités locales, en dépassant les tensions survenues par le passé, pour libérer leurs citoyens sans traiter avec des groupes hors-la-loi. »