Les Frères musulmans se désolidarisent de Hasm après la polémique sur l’entraînement militaire : manœuvre ou tentative de séduction ?

Après la polémique suscitée par une vidéo publiée par le groupe armé égyptien Hasm, dans laquelle il menace de mener des attaques terroristes en Égypte, la confrérie des Frères musulmans – classée organisation terroriste dans plusieurs pays – a publié un communiqué dans lequel elle se désolidarise du groupe.
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Mahmoud Hussein, guide par intérim au sein de la faction d’Istanbul, a affirmé qu’il n’existe aucun lien entre les Frères musulmans et Hasm, et que la confrérie soutient le renforcement des institutions de l’État, notamment l’armée, afin qu’elles puissent faire face aux défis régionaux.
Le ton du communiqué, diffusé également en interne, contraste avec les positions habituelles de la confrérie. Il utilise des termes inhabituels tels que « consolidation des institutions de l’État » et « appui à l’armée », suggérant une tentative de manœuvre politique pour montrer une image modérée et attirer la bienveillance du gouvernement égyptien.
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Cette prise de distance intervient après l’appel d’Ayman Nour, président du parti Ghad El-Thawra et proche des Frères musulmans, qui a demandé à la confrérie de condamner les menaces proférées par Hasm. Toutefois, l’autre faction rivale, dite « de Londres », est restée silencieuse sur cette affaire.
En revanche, la branche dite du « bureau général », également issue d’une scission de la confrérie, a salué la vidéo de Hasm. Plusieurs figures affiliées à cette branche, comme Yahia Moussa – condamné en Égypte pour activités armées – ont exprimé leur soutien à la réapparition de Hasm, y voyant la preuve que la lutte armée n’est pas terminée.
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La légitimation de la violence
Ce communiqué reflète une tentative classique des Frères musulmans de redorer leur image. Pourtant, l’histoire montre que c’est la confrérie elle-même qui a fondé et encadré les groupes violents comme Hasm, notamment après sa destitution du pouvoir en 2013.
En février 2014, le « conseil consultatif général » des Frères musulmans s’est réuni en secret pour adopter une stratégie de confrontation avec le régime, intitulée : « Plan d’usure, de perturbation et de décision ». Ce plan prévoyait explicitement le recours à la violence pour faire chuter le pouvoir en place.
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La confrérie a légitimé cette orientation via une commission religieuse présidée par Magdy Shalash, qui a publié une étude intitulée « La jurisprudence de la résistance populaire au coup d’État », justifiant les attaques contre l’État, ses institutions, ses représentants, mais aussi les civils.
Une structure nommée « Bureau de l’action révolutionnaire » a ensuite été mise en place pour superviser ces opérations, sous la direction de Mohamed Kamal et avec l’aval de Mahmoud Ezzat, alors guide par intérim.
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Plusieurs groupes armés ont été créés, notamment « Mouvement de la Résistance populaire » et « Rétribution révolutionnaire », qui ont revendiqué de nombreuses attaques, sabotages et assassinats, dont l’attentat contre les lignes électriques alimentant la Cité des médias en 2015.
Malgré l’échec de cette stratégie, les Frères ont poursuivi leurs activités violentes. L’assassinat du procureur général Hicham Barakat, ainsi que la création officielle des groupes Hasm et Loua’ Al-Thawra, ont marqué une escalade du terrorisme organisé.
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Une nouvelle manœuvre après l’échec
La récente vidéo de Hasm et le communiqué de Mahmoud Hussein sont perçus par plusieurs analystes comme une nouvelle tentative des Frères musulmans de se repositionner.
Selon l’expert Ahmed Ban, ce discours vise à se rapprocher de l’État égyptien en affichant une posture pacifique. Hussein se présente comme l’héritier d’une ligne réformiste, éloignée de la violence, espérant ainsi renouer un dialogue avec les autorités.
Mais cette posture s’inscrit aussi dans un contexte de divisions internes : faction d’Istanbul, faction de Londres, et bureau général. Mahmoud Hussein cherche à rétablir la légitimité de sa branche après des années de marginalisation.
Pour Sabra Al-Qasimi, avocat et spécialiste du radicalisme islamiste, la déclaration de Hussein n’est qu’une opération de façade, coordonnée avec la réapparition de Hasm. Il y voit une répartition des rôles : menace terroriste d’un côté, discours apaisant de l’autre, afin de faire pression sur l’État pour une réintégration politique.
Selon lui, la vidéo de Hasm constitue une menace claire et une tentative d’effrayer l’opinion publique et les institutions. Mais la population égyptienne, qui a déjà massivement rejeté les Frères, ne semble pas prête à accepter leur retour dans la sphère publique.
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