Grand Maghreb

Les Frères musulmans en Tunisie face à des accusations de terrorisme… Retour aux armes de la diabolisation et de l’incitation


La scène politique tunisienne vit au rythme d’une escalade dangereuse qui a remis au premier plan certains des outils les plus controversés utilisés par les Frères musulmans.

Cette situation est intervenue après que les accusations de terrorisme et d’assassinats politiques portées contre eux se sont transformées en étincelle ayant déclenché une campagne organisée de takfir (excommunication religieuse) et d’incitation, visant le dirigeant de gauche et secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifiés, Mongi Rahoui, selon un communiqué au ton énergique publié par le parti.

Ce parti, connu pour son opposition frontale au mouvement Ennahdha, estime que ce que subit Rahoui ne peut être dissocié de la nature même des Frères musulmans, fondée sur la diabolisation des adversaires, la transformation du désaccord politique en bataille existentielle, et la diffusion d’accusations de trahison et de takfir, impliquant parfois une incitation indirecte à la violence. Il souligne que ces méthodes ne sont pas nouvelles, mais enracinées dans le comportement du mouvement depuis son arrivée au pouvoir.

Le parti a demandé aux autorités tunisiennes, et en premier lieu au ministère public, d’assurer une protection immédiate à son secrétaire général. Il a également tenu pour pleinement responsables les parties derrière ces campagnes d’incitation en cas de toute agression possible, dans un avertissement qui reflète la gravité du climat créé par ces campagnes et rappelle des expériences douloureuses qu’a connues la Tunisie au cours de la dernière décennie.

D’un différend politique à une incitation idéologique

Selon le communiqué, la campagne visant Rahoui est menée par des acteurs proches du mouvement Ennahdha. Elle a débuté directement après sa dernière apparition médiatique, au cours de laquelle il a accusé ouvertement des dirigeants des Frères musulmans d’être impliqués dans des affaires de terrorisme, d’assassinats et d’envoi de combattants à l’étranger, refusant de les qualifier de «prisonniers politiques».

Le parti affirme que, chaque fois que les Frères musulmans sont confrontés à des questions politiques ou judiciaires concernant l’«appareil secret», la «chambre noire» ou les assassinats, ils recourent au discours de takfir et d’incitation, afin de fuir en avant et de mélanger les questions de libertés avec les dossiers liés au terrorisme, brouillant ainsi l’opinion publique et altérant le cours de la justice.

La mémoire des assassinats… une blessure toujours ouverte

Le communiqué rappelle clairement l’expérience du gouvernement d’Ennahdha et de ses alliés, soulignant jusqu’où avaient conduit, à l’époque, les campagnes d’incitation: des actes de terrorisme et des assassinats politiques qui ont ébranlé l’État tunisien, notamment l’assassinat de Chokri Belaïd le 6 février 2013, puis celui de Mohamed Brahmi le 25 juillet de la même année, en plus de victimes au sein des forces de sécurité et de l’armée.

Le parti considère que ces événements ne peuvent être séparés du discours d’incitation qui les a précédés, avertissant que la complaisance actuelle face aux campagnes de takfir pourrait rouvrir la voie à des scénarios de violence similaires.

Les Frères musulmans et Daech… une convergence de méthodes plus que de noms

Dans une escalade inédite, le parti affirme que la nature des Frères musulmans «n’a pas changé», estimant que leurs pratiques ne diffèrent pas, dans le fond, de celles de l’organisation terroriste Daech et d’autres groupes extrémistes. Cela se traduirait par l’usage du takfir comme outil politique, la dépendance à des forces extérieures et la volonté d’affaiblir l’État national dès lors qu’il entre en contradiction avec leur projet idéologique.

Le parti explique que, lorsque surgissent des dossiers liés à la souveraineté nationale, à l’ingérence étrangère ou à la reddition de comptes, les Frères musulmans s’empressent de fabriquer de faux clivages basés sur l’incitation, la polarisation et la division de la société, au lieu d’engager un débat politique responsable.

Rahoui dans la ligne de mire

Toujours selon le communiqué, la campagne de diabolisation visant Mongi Rahoui s’inscrit dans la continuité d’un long processus d’attaques contre des figures ayant affronté les Frères musulmans, depuis Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaïd, puis Mbarka Brahmi, veuve de Mohamed Brahmi, jusqu’à Rahoui lui-même, considéré comme l’une des voix les plus insistantes pour révéler la vérité sur les assassinats politiques et l’appareil secret d’Ennahdha.

Des observateurs estiment que des réseaux organisés sur les réseaux sociaux, proches d’Ennahdha, mènent depuis des semaines une campagne contre Rahoui, reposant sur la rumeur, le takfir et l’incitation, dans une tentative de le réduire au silence après ses déclarations qualifiant Rached Ghannouchi de «criminel de droit commun» et son refus d’apporter toute couverture politique à des dirigeants accusés de corruption ou de terrorisme.

Un avertissement explicite

Le parti conclut son communiqué en soulignant que toute atteinte à la sécurité de Mongi Rahoui relèverait entièrement de la responsabilité des parties derrière ces campagnes d’incitation. Il appelle l’État à agir avant qu’il ne soit trop tard et à ne pas répéter les erreurs du passé, lorsque la tolérance envers le discours de takfir s’est soldée par des violences et des assassinats dont les répercussions se font encore sentir aujourd’hui.

Afficher plus
Bouton retour en haut de la page