Grand Maghreb

Les Frères Musulmans en Tunisie en 2024 : « Têtes » Derrière les Barreaux


Une décennie sous le règne des Frères Musulmans a plongé la Tunisie dans un « marécage de terrorisme, corruption et échec économique », nécessitant l’ouverture de nombreux dossiers et plaçant leur héritage sous le microscope de la justice, les ramenant à nouveau derrière les barreaux.

Malgré les tentatives des Frères Musulmans tunisiens de changer d’apparence pour regagner une position perdue, leur nouvelle ruse n’a pas trompé les Tunisiens, qui ont souffert amèrement sous leur gouvernance et les ont rejetés politiquement et socialement.

Au début de l’année 2024, le mouvement Ennahdha, branche des Frères Musulmans en Tunisie, a annoncé son intention de changer de nom ainsi que celui de son Conseil de la Choura.
Le 12 janvier, Ajmi Lourimi, secrétaire du mouvement, a déclaré qu’il était possible de renommer Ennahdha et de transformer le Conseil de la Choura en Conseil National. Cependant, cet objectif n’a pas été atteint en raison du resserrement judiciaire autour du mouvement, qui avait pris le pouvoir en Tunisie en 2011 après le retour de son leader Rached Ghannouchi d’exil.

Condamnation de Ghannouchi

Après des années d’échappatoire à la justice grâce à leur position au pouvoir, la Tunisie a commencé à récolter les fruits de la trajectoire amorcée en juillet 2021. L’année 2024 a marqué la poursuite judiciaire des leaders du mouvement Ennahdha pour leurs actes commis durant la « décennie noire ».

Le 1er février 2024, la justice a condamné Rached Ghannouchi, leader des Frères Musulmans en Tunisie, ainsi que son gendre Rafiq Abdel Salam, à trois ans de prison pour financement étranger lors des élections de 2019, à l’issue de plusieurs mois d’enquêtes judiciaires.
Ghannouchi est en détention depuis avril 2023, accusé de complot contre la sécurité intérieure de l’État après des déclarations menaçant de déclencher une guerre civile et de semer le chaos en cas d’exclusion du mouvement du pouvoir.

D’autres accusations incluent le blanchiment d’argent et des atteintes à la sécurité de l’État dans l’affaire dite « Instalingo », une société spécialisée dans la production de contenu médiatique numérique.

Assassinat Politique

Le 6 février 2024, le tribunal de première instance en Tunisie a commencé l’interrogatoire des accusés dans l’affaire de l’assassinat du leader de gauche Chokri Belaïd, survenu le 6 février 2013.
Le collectif d’avocats de Belaïd a accusé Ennahdha d’avoir commandité son assassinat durant leur gouvernance.

Le 27 mars 2024, un tribunal tunisien a condamné quatre personnes à la peine de mort et deux autres à la perpétuité pour le meurtre de Belaïd, premier assassinat politique en Tunisie depuis des décennies.

Parmi les condamnés à mort figure Mohamed Aouadi, alias « El Taweel », chef militaire et second responsable de l’organisation Ansar Al-Charia interdite, dont l’arrestation a permis de découvrir des informations cruciales sur des opérations terroristes et des assassinats planifiés.

Série de Condamnations

En mai 2024, la justice tunisienne a prononcé une nouvelle peine de trois ans de prison contre Ghannouchi dans une affaire de financement étranger.

Le 24 juin 2024, la Cour d’appel a condamné Ghannouchi à un an de prison et à une amende de 1 000 dinars (333 dollars) pour apologie du terrorisme.

En juillet, le Pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme a émis des mandats d’arrêt contre plusieurs cadres du mouvement pour complot contre la sécurité de l’État.
En octobre, l’ancien ministre de la Justice Noureddine Bhiri a été condamné à dix ans de prison pour atteinte à la sécurité de l’État.

L’Année de la Comptabilité

Selon Mohamed Maïdani, analyste politique tunisien, 2024 est l’année de la reddition de comptes pour les Frères Musulmans, marquée par un resserrement judiciaire étouffant. Il estime que le mouvement Ennahdha est désormais politiquement et socialement discrédité, incapable de se restructurer face à l’effondrement de ses rangs.

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