Grand Maghreb

Les Frères musulmans en Libye : Al-Ghariani étend son influence sur l’éducation sous couvert de légitimité religieuse


Dans une démarche qui a suscité une large controverse, l’ancien mufti démis de ses fonctions, Sadiq al-Ghariani, est apparu lors d’une rencontre publique avec le doyen de la faculté de droit de l’université d’Al-Qeib, promouvant ce qui semble être un nouveau projet d’infiltration du secteur éducatif.

Selon les observateurs, cette rencontre, loin d’être fortuite, s’inscrit dans une stratégie plus large des Frères musulmans visant à prendre le contrôle des esprits des jeunes générations par le biais des institutions éducatives et religieuses, dans ce que certains qualifient de « turban de l’hégémonie ».

Cette réunion entre Al-Ghariani et le doyen de la faculté visait à discuter d’une coopération avec la Dar al-Ifta libyenne, présidée par Al-Ghariani, malgré sa destitution par une décision parlementaire. Le rapport souligne qu’il ne s’agit pas d’une simple réunion protocolaire, mais d’un repositionnement clair du courant islamiste au sein des structures de l’État, en particulier dans les domaines de l’éducation et de la religion, historiquement utilisés pour construire une base populaire et un socle idéologique.

Al-Ghariani est considéré comme l’une des figures religieuses les plus controversées, ayant adopté un discours radical au cours des dernières années. Il a émis plusieurs fatwas incitant au combat et justifiant l’influence de groupes extrémistes. Bien qu’il ait été officiellement révoqué, il continue de bénéficier du soutien de forces politiques influentes, notamment le gouvernement de Dbeibah, qui avait auparavant émis la décision n°709 portant création d’écoles religieuses affiliées à la Dar al-Ifta, une initiative perçue comme un renforcement de la mainmise islamiste sur le système éducatif.

De son côté, le chercheur Hicham El-Bakli a mis en garde contre la dangerosité de cette rencontre. Il a affirmé que les groupes liés aux Frères musulmans exploitent ce type de plateforme pour restaurer leur influence et étendre leur domination culturelle et sociale. Il a ajouté que cette dynamique n’est qu’un volet d’un projet à long terme de « colonisation des esprits », ciblant principalement les jeunes et les étudiants à travers un discours religieux orienté, diffusé via des programmes scolaires et des institutions soigneusement préparés.

Malgré cette activité intense, les indicateurs sur le terrain révèlent un net recul de la popularité de ce courant au sein de la société libyenne. Les listes affiliées aux Frères musulmans, soutenues par la Dar al-Ifta, ont échoué à obtenir des résultats significatifs lors des élections municipales à Tajoura et Sabratha, signe évident du désaveu du public face à leur projet.

Et malgré les fatwas d’Al-Ghariani appelant à la participation électorale et orientant les électeurs, le soutien populaire est resté faible, preuve que le vernis religieux ne suffit plus à faire passer le projet des Frères musulmans.

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