Les Frères musulmans du Yémen exploitent les blessés de Taiz et de Marib : une instrumentalisation politique et financière flagrante de la part d’Al-Islah
Le journaliste Jamil Al-Sāmit a révélé, dans une enquête, ce qu’il a qualifié de « manipulation honteuse » des blessés de guerre de Taiz et de Marib par les Frères musulmans (Parti Al-Islah), accusant le mouvement d’exploiter la souffrance de ces blessés comme un levier de chantage politique et financier.
Cette accusation met en lumière une facette méconnue de la relation entre le mouvement et la crise yéménite, où les combattants et les blessés ne sont pas seulement perçus comme des victimes, mais comme des munitions dans une lutte interne pour le pouvoir.
Selon Al-Sāmit, Al-Islah exploite le dossier des blessés pour renforcer sa position sur la scène yéménite, en offrant de l’argent ou un soutien limité en échange d’un engagement organisationnel, transformant ainsi les blessés de guerre en outils de pression politique et en instruments directs au service du parti.
Cette utilisation démontre une stratégie à double visage : une façade humanitaire d’une part, et une quête de gains politiques de l’autre.
De leur côté, des observateurs estiment que ces accusations pourraient marquer le début d’un mouvement civique au Yémen contre les réseaux de l’organisation.
Dans un pays ravagé par la guerre, il apparaît qu’Al-Islah ne se limite plus à son discours religieux ou idéologique, mais cherche à renforcer ses réseaux en exploitant un dossier humanitaire extrêmement sensible pour l’opinion publique yéménite et la communauté internationale.
Ces accusations pourraient accentuer les pressions sur Al-Islah, tant de la part de sa base que de ses adversaires politiques, en particulier si d’autres enquêtes du même type émergent ou débouchent sur des procédures juridiques.
Elles pourraient également ouvrir la voie à des revendications visant à réorganiser la gestion des blessés au sein d’institutions civiles et à leur garantir une véritable protection, loin de toute exploitation politique ou propagandiste.
Selon plusieurs analystes, les révélations de Jamil Al-Sāmit constituent une déclaration interne retentissante, montrant que certaines pratiques au sein des Frères musulmans yéménites ne reposent pas uniquement sur l’« entraide » ou la « compassion », mais s’appuient aussi sur la souffrance des blessés pour fabriquer de l’influence politique, ce qui pourrait bouleverser les équilibres au sein d’Al-Islah et plus largement sur la scène yéménite.
