Les Frères musulmans de Tunisie : un échec au pouvoir comme dans l’opposition

Une coalition de gauche opposée au président tunisien Kaïs Saïed a annulé une manifestation prévue vendredi afin d’éviter toute association avec le mouvement des Frères musulmans.
En Tunisie, les islamistes ont exercé le pouvoir pendant près d’une décennie. Toutefois, leur gestion jugée défaillante a provoqué une vague de rejet populaire, les écartant progressivement des sphères décisionnelles. Même dans l’opposition, leur position reste marginalisée et contestée.
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Les faits
La « Réseau tunisien des droits et libertés », une coalition de gauche démocratique, avait annoncé l’organisation d’une marche de protestation le 25 juillet, à l’occasion de la Fête de la République. Une date symbolique marquant également la fin du pouvoir des Frères musulmans en 2021.
En parallèle, la « Front du Salut », un mouvement affilié aux islamistes, avait prévu une manifestation à la même date, initialement prévue à midi. Cependant, celle-ci a été repoussée à 18h, une décision perçue comme une tentative de s’aligner stratégiquement avec la mobilisation de la gauche.
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Face à cette tentative de récupération, la coalition laïque a choisi d’annuler sa mobilisation, estimant qu’une coïncidence dans la rue pourrait être interprétée comme un rapprochement idéologique avec une organisation considérée comme terroriste dans plusieurs pays arabes.
Dans un communiqué publié mardi, le Réseau a précisé : « La mobilisation prévue le 25 juillet à 18h est reportée à une date ultérieure, qui sera annoncée après de plus amples concertations avec les composantes démocratiques et progressistes. »
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Ce qui ne se produira pas
La coalition a indiqué que la décision avait été prise après discussions approfondies avec d’autres acteurs de la société civile et partis politiques démocratiques, et après avoir pris connaissance des autres appels à manifester à la même date et au même horaire.
De son côté, le « Front du Salut » a réagi dans un communiqué, exprimant sa déception face à l’échec des efforts de coordination. « En dépit des concessions faites par le Front pour aboutir à une action commune, le manque de consensus nous pousse à reporter notre marche. La nouvelle date de nos activités sera annoncée en temps voulu. »
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Les causes de l’échec
Les analystes politiques estiment que le refus de la gauche tunisienne d’établir une quelconque alliance avec le mouvement Ennahdha (branche tunisienne des Frères musulmans) illustre l’ampleur de leur isolement politique.
Selon le politologue Monji Essrarfi, les islamistes ont tenté de s’approprier la symbolique du 25 juillet pour simuler une présence politique dans la rue. Mais leur tentative est perçue comme une manœuvre opportuniste, sans réelle base populaire.
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Il explique que « le Réseau tunisien des droits et libertés a clairement refusé de défiler aux côtés des islamistes, mettant ainsi en lumière leur isolement et la tentative de briser cet isolement par des manœuvres peu convaincantes. »
Il ajoute que le mouvement Ennahdha reste politiquement marginalisé depuis sa chute le 25 juillet 2021. Toute tentative de réintégrer la scène par le biais d’alliances civiles ou politiques se solde par un échec, à cause de leur implication présumée dans des affaires de terrorisme, de corruption et d’assassinats politiques.
Le 25 juillet est ainsi une date fortement symbolique en Tunisie : elle célèbre à la fois la proclamation de la République, la dissolution du Parlement dominé par les islamistes en 2021, et rappelle l’assassinat du dirigeant nationaliste Mohamed Brahmi en 2013.
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