Les Frères de Tunisie… Exploiter les crises pour enflammer la rue et tenter un retour sur la scène politique

Le mouvement Ennahdha, bras politique de l’organisation des Frères musulmans en Tunisie, multiplie ses tentatives d’exploiter la crise économique et sociale afin de regagner une influence politique perdue depuis sa chute du pouvoir.
La stratégie du mouvement repose sur une méthode désormais transparente : amplifier les crises et politiser les dossiers liés à la vie quotidienne, dans le but de transformer la colère populaire en levier politique susceptible de les ramener au premier plan.
Des observateurs soulignent qu’Ennahdha mobilise un discours incitatif liant la détresse économique à des slogans politiques visant à semer le doute quant à la capacité de l’État à gérer les crises. Cette stratégie est manifeste à travers l’activisme de figures éminentes du mouvement, parmi lesquelles Rafik Abdessalem, ancien ministre des Affaires étrangères, qui poursuit ses activités à l’étranger en soutien à des réseaux affiliés à l’organisation, tandis que d’autres acteurs sur le terrain s’emploient à enflammer la rue en exploitant toute décision gouvernementale ou mouvement syndical.
Un exemple significatif est celui de l’ancien député Maher Madhioub, qui a exploité une décision du ministère de la Santé visant à rationaliser la consommation de médicaments pour diffuser sur sa page Facebook des messages dramatisant une « crise grave » menaçant des milliers de patients. Or, les experts rappellent que la Tunisie produit localement 60 % de ses besoins pharmaceutiques, ce qui démontre que de tels discours visent avant tout à semer la panique et à déformer la réalité au service des objectifs politiques d’Ennahdha.
Le groupe n’a pas non plus cessé d’exploiter les tensions entre le gouvernement et l’Union générale tunisienne du travail. Les manifestations syndicales d’août dernier ont ainsi été décrites par les Frères comme un « réveil face à une attaque féroce contre les droits », dans une tentative de transformer des revendications sociales légitimes en plateforme de pression politique contre les autorités.
Le politologue tunisien Abdelrazek Al-Raïs a confirmé que le pays traverse effectivement une crise économique, mais que les médicaments restent disponibles. Selon lui, les campagnes des Frères reposent sur une surexploitation médiatique et une instrumentalisation des crises sociales à des fins politiques.
Il a ajouté que ces acteurs cherchent à accentuer la fracture entre l’Union et le gouvernement, mais qu’ils se heurtent à un rejet croissant de la part du peuple tunisien, désormais peu disposé à accepter le retour du mouvement sur la scène nationale.
Parallèlement, le président tunisien Kaïs Saïed a prononcé un discours ferme, qualifiant les Frères de « traîtres » et soulignant que le peuple fera face avec détermination à leurs manœuvres, marquant ainsi la volonté claire de l’État de contrer leurs agissements.
La stratégie d’Ennahdha apparaît ainsi comme une tentative désespérée de repositionnement dans un contexte de perte d’influence populaire et politique. Mais l’instrumentalisation des crises internes n’a plus l’efficacité d’autrefois : la rue tunisienne a désormais perçu la nature et les objectifs de ces manœuvres. Dès lors, le pari des Frères sur les crises se transforme en une carte brûlée qui ne fait qu’accentuer leur isolement, au lieu de leur ouvrir une nouvelle voie vers la scène nationale.