Politique

Les coulisses des « attaques par pagers » dévoilées : une planification complexe depuis 15 ans


Les secrets et les coulisses des attaques via des appareils de radiomessagerie appartenant à des membres du Hezbollah au Liban continuent de se dévoiler, révélant la complexité de la planification de cette opération.

Un responsable du renseignement américain a déclaré à la chaîne américaine ABC News qu’Israël avait joué un rôle dans la fabrication des pagers qui ont explosé chez les membres du Hezbollah cette semaine, précisant que ce type d’opération, connue sous le nom d’« interception de la chaîne d’approvisionnement », avait été planifié depuis au moins 15 ans.

La source a ajouté que la CIA avait longtemps hésité à utiliser cette tactique en raison du risque élevé pour les civils innocents.

Le responsable a précisé que la planification de l’attaque impliquait des entreprises fictives, avec l’injection de plusieurs couches d’agents du renseignement israélien et des ressources dans une façade d’entreprise légitime qui produisait les appareils de radiomessagerie.

Le New York Times a été le premier à révéler l’implication d’Israël dans la fabrication de ces appareils.

Selon la source, entre une et deux onces d’explosifs, ainsi qu’un détonateur à distance, ont été placés dans les pagers.

Les explosions des pagers qui ont eu lieu ces deux derniers jours au Liban ont causé la mort d’au moins 37 personnes et blessé 2931 autres, selon le ministre libanais de la Santé, Firas Al-Abyad.

Quantité d’explosifs

Dans ce contexte, un haut responsable de la sécurité libanaise et une autre source ont indiqué à Reuters que le Mossad israélien avait introduit de petites quantités d’explosifs dans 5 000 pagers fabriqués à Taïwan, commandés par le Hezbollah des mois avant les explosions survenues mardi dernier.

Les détails révèlent une brèche de sécurité sans précédent au sein du Hezbollah, qui a conduit à la destruction de milliers d’appareils à travers le Liban.

Le Hezbollah, allié de l’Iran, a promis de répondre à Israël, dont l’armée a refusé de commenter les explosions.

Le haut responsable de la sécurité libanaise a précisé que le Hezbollah avait commandé 5 000 pagers produits par la société taïwanaise Gold Apollo, et que plusieurs sources affirment qu’ils sont arrivés dans le pays au printemps.

Il a également montré une image de l’appareil, un modèle AR924, semblable à d’autres appareils de radiomessagerie qui reçoivent et affichent des messages texte sans fil, mais qui ne peuvent pas passer d’appels téléphoniques.

Difficiles à détecter

Deux sources proches des opérations du Hezbollah ont déclaré à Reuters cette année que les membres du Hezbollah utilisaient ces appareils comme moyen de communication peu sophistiqué afin d’échapper aux systèmes de suivi israéliens.

Cependant, le haut responsable libanais a indiqué que les appareils avaient été modifiés « au cours de la phase de production » par les services de renseignement israéliens.

Il a ajouté que « le Mossad avait injecté dans les appareils une puce contenant une substance explosive activée par un code extrêmement difficile à détecter par quelque moyen que ce soit, même avec un appareil de balayage ou un scanner. »

Il a précisé que 3 000 pagers ont explosé simultanément après avoir reçu un message codé activant les explosifs.

Un responsable du Hezbollah, qui a demandé à rester anonyme, a déclaré que ces explosions représentaient « la plus grande brèche de sécurité » pour le groupe depuis le début du conflit à Gaza entre Israël et le Hamas, le 7 octobre dernier.

De son côté, Jonathan Panikoff, ancien adjoint au responsable du renseignement national pour le Moyen-Orient, a déclaré que le Hezbollah pourrait minimiser « le plus grand échec de sa lutte contre l’espionnage depuis des décennies », mais que la tension croissante pourrait finalement conduire à une guerre de grande ampleur si les efforts diplomatiques restaient insuffisants.

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