Le terrorisme volant inquiète le Sahel : des drones bon marché menacent les armées

Un ennemi invisible surgit soudainement du ciel, sème la mort, sape la confiance dans les institutions et terrorise aussi bien les civils que les militaires.
Ce sont les drones, désormais entre les mains de groupes terroristes opérant dans une région sahélienne déjà fragilisée. Ces engins représentent aujourd’hui une menace croissante pour la sécurité régionale et les populations.
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Le journal français Le Monde a révélé, dans un article publié ce jeudi, une escalade sans précédent de l’usage des drones par des groupes armés dans le Sahel, face à l’incapacité manifeste des armées nationales à contenir cette menace en évolution constante.
Selon l’article, « au cœur du désert du Sahel, alors que les lignes de défense militaires se fragilisent, de petits drones efficaces survolent les bases militaires, non seulement pour des missions de reconnaissance, mais aussi pour lâcher la mort du ciel ».
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Escalade des attaques
Les attaques menées à l’aide de drones connaissent une intensification notable. La branche locale d’Al-Qaïda, particulièrement active au Mali et au Burkina Faso, serait désormais capable d’armer des drones à bas coût, infligeant de lourdes pertes aux armées locales grâce à cette technologie en plein essor.
Un rapport du Centre des politiques pour le Nouveau Sud, un think tank marocain, indique que la guerre des drones dans le Sahel est entrée dans une nouvelle phase d’escalade.
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Ce rapport met en évidence l’intensification des frappes par drones de la part de groupes armés comme le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM). Depuis septembre 2023, plus de 30 attaques confirmées ont été recensées, dont 82 % (soit 24 attaques) entre mars et juin 2025.
Parmi les incidents les plus marquants figure l’attaque du 1er juin contre la base militaire malienne de Boulikessi. Le GSIM y a utilisé des drones pour larguer des explosifs, affirmant avoir tué plus de 100 soldats maliens.
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Initialement utilisés à des fins de surveillance ou de collecte de renseignements, ces drones sont aujourd’hui transformés en plateformes offensives capables de frappes directes.
Le premier recours à un drone armé a été enregistré en septembre 2023, lorsque le GSIM a largué deux engins explosifs artisanaux sur des positions du groupe Dan Na Ambassagou à Bandiagara, au centre du Mali.
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Un changement de paradigme
La région sahélienne, qui s’étend de la Mauritanie à l’ouest au Soudan à l’est, est en proie depuis plus d’une décennie à une insécurité croissante, alimentée par l’expansion de groupes terroristes transnationaux comme Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI) ou l’État islamique au Grand Sahara.
Des pays comme le Mali, le Burkina Faso ou le Niger sont devenus le théâtre d’attaques régulières menées contre les forces de sécurité locales, les civils, mais aussi contre des missions internationales, notamment celles des Nations unies.
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L’adoption de drones par ces groupes marque une évolution tactique majeure. Elle suggère une acquisition de compétences techniques avancées, voire un entraînement fourni par des experts issus d’autres zones de conflit comme le Yémen ou la Syrie.
Ces appareils, facilement disponibles sur les marchés commerciaux pour des sommes modiques, sont modifiés pour devenir des armes létales. Ils sont équipés de charges artisanales puis dirigés vers des cibles spécifiques, telles que des regroupements de militaires, des équipements lourds ou des infrastructures sensibles.
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Les conséquences sont dramatiques : centaines de soldats tués, bases militaires détruites, retraits de l’armée de régions entières au nord et au centre du Mali. Mais le plus inquiétant reste la perte de confiance des populations envers les institutions militaires.
Les civils eux-mêmes deviennent des cibles lors de rassemblements publics, notamment dans les marchés ou les fêtes, sous prétexte de collaboration avec les autorités.
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