Le Soudan entre le marteau de l’alliance militaro islamique et l’enclume de la transition démocratique
Les racines de l’alliance entre l’armée et le mouvement islamique

Depuis la chute du régime d’Omar el-Béchir, le Soudan semblait à l’aube d’une transformation historique vers la démocratie. Toutefois, la fragilité des institutions civiles, combinée à la puissance des réseaux enracinés de l’ancien régime, a permis le retour progressif de figures du mouvement islamique à travers une alliance tacite avec le chef de l’armée, Abdel Fattah al-Burhan. Cette alliance, bien que dissimulée à ses débuts, est aujourd’hui plus évidente que jamais, menaçant de faire voler en éclats les espoirs portés par la révolution soudanaise.
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Les racines de l’alliance entre l’armée et le mouvement islamique
Cette alliance entre l’institution militaire et le mouvement islamique ne date pas d’hier. Depuis le coup d’État de 1989, qui a porté el-Béchir au pouvoir, l’armée a servi de bras fort aux islamistes pour prendre le contrôle des institutions de l’État, par une infiltration méthodique des appareils sécuritaires, administratifs et économiques.
Après la chute d‘el-Béchir, malgré les tentatives de démantèlement de ce réseau par le biais du Comité de démantèlement de l’empowerment, de nombreuses figures islamistes sont restées présentes dans les rouages de l’État, attendant leur heure. Pris entre les pressions civiles et internationales, al-Burhan a opté pour une alliance avec les islamistes afin d’assurer sa survie politique, en s’appuyant sur des façades comme les « résistances populaires » pour recycler l’ancien projet sous de nouveaux slogans.
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Scénarios possibles si l’alliance persiste
Si l’alliance entre al-Burhan et le mouvement islamique se consolide à travers les institutions de l’État, plusieurs scénarios inquiétants pourraient se matérialiser :
- Le rétablissement de l’ancien régime : Les institutions sécuritaires et judiciaires seront reconstruites sur la base de la loyauté politique plutôt que la compétence, compromettant toute chance de réforme ré
- Un isolement international accru : Le Soudan risque de se retrouver à nouveau sous sanctions et en isolement économique, comme dans les années 1990.
- Une intensification de la violence interne : La répression continue des mouvements protestataires et l’exclusion des forces civiles pourraient provoquer de nouvelles vagues de violence, voire des rébellions armé
- Un affaiblissement de l’unité nationale : Face à une colère grandissante dans les régions, de nouveaux appels à la sécession pourraient émerger, menaçant ce qu’il reste de l’unité soudanaise.
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Comment contrer cette alliance ?
Pour faire face à ce scénario désastreux, les forces civiles et la communauté internationale doivent agir fermement à travers :
- L’unification du front civil : Surmonter les divergences idéologiques entre les forces révolutionnaires et former une alliance solide de pression intérieure.
- Une pression internationale organisée : Imposer des sanctions ciblées contre les dirigeants militaires et islamistes impliqués dans le sabotage de la transition démocratique.
- Le soutien aux médias libres : Renforcer les médias indépendants afin de surveiller et dénoncer les pratiques de restauration du pouvoir islamiste, et mobiliser l’opinion publique.
- La mise en œuvre de mécanismes de justice transitionnelle : Assurer la responsabilisation des figures de l’ancien régime et les empêcher de revenir sur la scène politique par des voies détourné