Le sort des officiers syriens en Irak dépend des accords avec la Syrie

Bagdad affirme qu’il n’y a aucune réserve ni condition pour accepter de traiter avec la nouvelle direction syrienne sous la présidence d’Ahmad Al-Charaa.
Le sort des officiers syriens ayant franchi la frontière irakienne reste incertain, les informations à leur sujet étant contradictoires. Des sources indiquent que Bagdad attend la formation du nouveau gouvernement syrien pour statuer sur leur situation, après des négociations à venir entre les deux pays en raison des nombreux dossiers communs nécessitant un accord.
-
Salaires dérisoires et discrimination flagrante : pourquoi les Syriens désertent-ils les milices iraniennes ?
-
La majorité sont originaires de Turquie et de Syrie… Le ministère fédéral de la Justice révèle le nombre d’ »enfants de Daech » en Irak
Le ministre irakien des Affaires étrangères, Fouad Hussein, a souligné que Bagdad n’imposait aucune restriction ni condition à l’égard de la nouvelle direction syrienne dirigée par Ahmad Al-Charaa.
Dans une interview accordée à la chaîne France 24 vendredi, Hussein a déclaré avoir adressé une invitation officielle au ministre syrien des Affaires étrangères, Asaad Al-Shibani, pour se rendre à Bagdad, précisant qu’il arrivera dans la capitale irakienne très prochainement. Il a également annoncé que le sommet prévu en Irak en mai prochain verra l’invitation de tous les dirigeants des pays arabes, y compris le président syrien intérimaire, Ahmad Al-Charaa.
-
Les kurdes syriens accusent Ankara d’avoir couper l’eau de l’Euphrate
-
Les Kurdes de Syrie prévoient de vider les camps de djihadistes d’ici la fin de l’année
Après la polémique suscitée ces derniers jours autour de l’octroi par le gouvernement irakien d’un « droit de résidence temporaire pour des raisons humanitaires » à plusieurs dizaines d’officiers et de hauts gradés de l’armée syrienne ayant trouvé refuge en Irak les 7 et 8 décembre dernier, le ministère irakien de l’Intérieur a publié mardi un communiqué réfutant ces informations.
Le porte-parole du ministère, le général Miqdad Miri, a déclaré : « Certaines plateformes de réseaux sociaux ont relayé des informations selon lesquelles les autorités irakiennes auraient accordé un droit de résidence temporaire pour des raisons humanitaires à des dizaines d’officiers et de commandants de l’ancienne armée syrienne ayant fui en Irak en décembre dernier. »
-
Comment les combattants de Daech dans le nord de la Syrie peuvent-ils bénéficier des ambitions de la Turquie ?
-
La chute du régime d’al-Assad aidera-t-elle Daech à s’étendre en Afrique ?
« Nous démentons ces informations dans leur intégralité et insistons sur l’importance d’obtenir les nouvelles uniquement auprès de sources officielles, en évitant la propagation de rumeurs malveillantes. »
« Le ministère de l’Intérieur n’a pris aucune mesure visant à accorder un droit de résidence, quelle qu’en soit la raison, aux officiers et commandants de l’ancienne armée syrienne, contrairement à ce qui est véhiculé. »
En revanche, l’agence locale Shafaq News, citant des sources bien informées, rapporte que :
-
Signes de tension entre la Turquie et l’Algérie en raison de la participation de « séparatistes » kurdes à une conférence à Tindouf
-
De la tunique d’Al-Qaïda au costume politique : Qui est Abu Mohammed al-Julani ?
« Un groupe d’officiers et de militaires de différents grades de l’armée syrienne, ayant traversé la frontière syro-irakienne lors de la chute du régime de Bachar Al-Assad, a préféré rester dans des centres d’accueil près de la frontière, en attendant la formation du nouveau gouvernement à Damas. »
Elle ajoute que : « Plus de 200 officiers et soldats syriens n’ont pas encore décidé de rentrer en Syrie, restant ainsi dans des centres de détention sous surveillance renforcée à Rutba, dans la province d’Al-Anbar. La plupart attendent l’évolution de la situation après la formation du nouveau gouvernement syrien. »
-
Washington poursuit les événements en Syrie… Qu’en est-il de « Hayat Tahrir al-Sham » ?
-
Défis pour l’administration d’al-Charaa et moyens de surmonter « une phase complexe »
La majorité d’entre eux occupent divers grades militaires, et le gouvernement irakien suit leur situation quotidiennement. Leur avenir est également tributaire des négociations syro-irakiennes, qui devraient commencer sous peu.
Le général à la retraite Adnan Al-Kinani a déclaré que : « Les véhicules et équipements militaires ayant servi à la fuite des officiers et soldats via la frontière irakienne proche du poste de passage d’Al-Qaïm ont été placés sous séquestre, dans l’attente d’un accord officiel pour leur restitution à la Syrie. »
-
Une initiative kurde pour sécuriser les frontières du nord de la Syrie avec des forces américaines et françaises
-
Europe et la Syrie après al-Assad : « Un nouveau départ politique »
Il ajoute : « Avec la nomination d’Ahmad Al-Charaa à la présidence syrienne en cette période de transition, une procédure officielle devrait être mise en place pour restituer les équipements et remettre les officiers et soldats aux autorités syriennes, avec des documents officiels. »
Il souligne également que les officiers et soldats en fuite auront le choix :
- Soit demander l’asile en Irak, où ils bénéficieront d’une protection et seront enregistrés par les équipes des Nations Unies en tant que réfugiés, avec des cartes temporaires pour leur séjour en Irak.
- Soit opter pour un départ vers un autre pays.
-
Al-Julani récompense la Turquie en lui accordant la priorité pour la reconstruction de la Syrie
-
La Syrie, victime de sa géographie : pourquoi souffre-t-elle encore ?
Le 7 décembre 2024, plusieurs soldats et officiers syriens ont pénétré en Irak via le poste-frontière d’Al-Qaïm, après avoir abandonné leurs positions face aux factions armées qui ont finalement renversé le régime syrien le 8 décembre 2024.
Selon des estimations divergentes, plus de 1 900 militaires – en majorité des officiers de rang subalterne (sous-lieutenant à commandant) – sont retournés en Syrie pour y régler leur situation. Toutefois, des dizaines d’officiers de haut rang (généraux et commandants d’unités et de brigades) ont refusé de rentrer, obligeant le gouvernement irakien à les transférer temporairement dans un centre sécurisé à Bagdad, sous surveillance renforcée.
Il est également supposé que certains de ces officiers appartiennent à la famille d’al-Assad.