Politique

Le retrait des armes des camps palestiniens au Liban : une étape historique semée de défis


À quelques jours de la présentation par l’état-major de l’armée libanaise au gouvernement d’un plan exécutif visant à monopoliser les armes au profit de l’État, un premier pas concret a été franchi jeudi avec la remise d’armes provenant des camps palestiniens.

Cette opération s’inscrit dans la première phase d’un plan adopté conjointement par les autorités libanaises et palestiniennes il y a environ trois mois.

Depuis le camp de Bourj el-Barajneh, à Beyrouth, les autorités libanaises ont commencé à recevoir des lots d’armes détenues dans les camps palestiniens de la capitale.

Une étape qualifiée d’« historique et très importante » par Ahmad Majdalani, membre du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP), qui a exprimé l’espoir qu’elle soit menée « dans le bon cadre, afin de renforcer l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire libanais ».

Majdalani a expliqué : « Ce qui a commencé aujourd’hui constitue la première phase. Elle se poursuivra sur une période définie, par la remise des armes comme dépôt auprès de l’armée libanaise sœur. »

Il a assuré que cette démarche tient compte des « droits sociaux, économiques et civils du peuple palestinien, en attendant son retour sur sa terre, conformément à la résolution internationale 194 ».

Une décision obligatoire

Concernant la gestion d’éventuels problèmes lors de la remise des armes, le responsable palestinien a précisé : « Nous parlons ici des armes sous le contrôle de l’État de Palestine, de l’OLP et de ses factions. Ce sont elles qui sont directement concernées par cette opération. »

Il a ajouté : « Quant aux armes détenues par le Hamas, le Jihad islamique et d’autres groupes, elles relèvent d’agendas régionaux. Leur traitement est donc de la responsabilité du gouvernement libanais. »

Majdalani a souligné que toute décision prise par le président de l’État de Palestine à ce sujet est « exécutoire et s’impose à toutes les factions de l’OLP ».

Il a réaffirmé l’engagement envers « la sécurité, la stabilité et la souveraineté du Liban », appelant à voir dans cette étape une consolidation de l’autorité de l’État.

Résistances attendues

De son côté, Richard Kouyoumjian, ancien ministre et responsable des relations extérieures des Forces libanaises, a estimé que certaines résistances pourraient apparaître, mais que toutes les factions finiront par remettre leurs armes : « Le plus grand mouvement, le Fatah, a commencé. Les autres suivront. »

Il a rappelé que le Conseil des ministres libanais a décidé le 7 août de confier à l’armée la tâche de retirer toutes les armes illégales d’ici fin 2025. Selon lui, même le Hamas et d’autres factions devront s’y plier.

Le Premier ministre Naufal Salam a salué le début de l’opération, déclarant sur X : « Je salue le lancement de la remise des armes palestiniennes, entamée au camp de Bourj el-Barajneh. Une première livraison a été effectuée et confiée à l’armée libanaise. »

Un test pour l’État libanais

Pour l’analyste militaire à la retraite Khaled Hamade, cette étape « soulève des interrogations ». Il estime que certains groupes refusent de remettre leurs armes, notamment dans des camps comme Aïn el-Héloué, où sont implantées des factions liées à l’Iran ou à l’ancien régime syrien. Cela représente, selon lui, « un véritable test pour l’État libanais », qui pourrait aller jusqu’à des affrontements.

Un communiqué relayé par des médias libanais a d’ailleurs précisé que ce qui s’est produit à Bourj el-Barajneh « concerne uniquement le Fatah et n’a aucun lien avec la question plus large des armes palestiniennes dans les camps ».

Le porte-parole de la présidence palestinienne, Nabil Abou Roudeina, a confirmé qu’un accord a été conclu avec l’État libanais pour que les armes soient confiées à l’armée « comme dépôt ». L’opération doit se poursuivre graduellement et s’étendre à d’autres camps, dans le cadre de procédures sécuritaires et logistiques convenues.

Cette démarche s’articule avec la décision récente du gouvernement libanais d’élaborer un plan global pour désarmer toutes les formations armées, y compris le Hezbollah. Elle ouvre ainsi une phase politique et sécuritaire sensible, marquée par des interrogations sur la capacité de l’État à mener ce processus complexe dans un environnement régional tendu.

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