Moyen-Orient

Le retour du Chasseur de la mort : les snipers houthis ciblent les civils à Taëz et Lahj


Devant son domicile dans le district de Sala, à l’est de la ville de Taëz au Yémen, Saïd Nacher Mansour, 55 ans, était assis lorsque, jeudi soir, il a été pris pour cible par un sniper houthi.

Saïd Mansour a été atteint par deux balles : la première lui a touché la jambe gauche, et alors qu’il tombait au sol, le sniper houthi posté dans l’école Mohammed Ali Othman, à l’est de Taëz, lui a tiré une seconde balle qui a frappé sa cuisse gauche.

Ce n’est pas la première fois que Saïd Mansour est victime de tirs de sniper par les Houthis. Il a déjà survécu miraculeusement à deux autres tentatives de tir près de son domicile.

L’attaque contre Mansour à Taëz survient à peine 24 heures après qu’un sniper houthi, embusqué dans le mont Jaridam, a abattu une femme nommée Saïda Mohammed Abdallah dans le village de Al-Quhaifah, district de Maqbana, à l’ouest de la province. Elle est morte sur le coup.

Le 23 juin, l’enfant Oday Abdelaziz Mohammed Saleh, 13 ans, a été blessé par un sniper devant son domicile dans le village de Qaddash, au nord de Kresh, dans la province de Lahj (sud). Il se trouve toujours en soins intensifs dans un hôpital d’Aden.

Le retour d’un instrument de mort terrifiant

Malgré la trêve parrainée par l’ONU depuis avril 2022, la recrudescence des attaques de snipers houthistes relance l’alerte sur le retour d’un des moyens de mort les plus atroces utilisés par la milice pour terroriser les populations.

Selon des sources militaires, les Houthis emploient plus de 11 types de fusils de précision, dont un fusil appelé « Sayyad » (le Chasseur), de fabrication iranienne, ayant une portée de 1500 mètres.

Des rapports sur les droits humains classent les fusils de précision utilisés par les Houthis parmi les quatre moyens les plus meurtriers à l’encontre des civils, aux côtés des bombardements par missiles, les frappes de drones, et les mines terrestres.

Taëz, la plus touchée

Entre mars 2015 et fin 2020, au moins 725 civils ont été tués par des tirs de sniper dans plusieurs provinces yéménites, dont environ 365 à Taëz, soit près de la moitié.

D’après les statistiques, les victimes incluent 141 enfants et 78 femmes, avec des centaines de blessés, Taëz étant la province la plus affectée.

La majorité des tirs sont perpétrés par des snipers hautement entraînés appartenant à la milice houthie, dans les zones est et ouest de Taëz, proches des lignes de front avec les Houthis.

Ces crimes ont provoqué le déplacement massif des habitants des quartiers de Kalabah, Al-Shamassi et Hawdh Al-Ashraf, même si certains ont commencé à revenir ces dernières années, après la signature de la trêve onusienne.

Selon des rapports de défense des droits humains, « les tirs de sniper sont devenus un indicateur de la volonté délibérée des Houthis de tuer, un phénomène qui s’est intensifié ces dernières années, visant sans relâche les civils, y compris les agriculteurs, leurs bétails, et les passants près des lignes de feu ».

Le dernier rapport d’un groupe d’experts des Nations Unies sur le Yémen a documenté la mort de 128 civils, dont 33 enfants et 6 femmes, ainsi que 93 blessés, dont 35 enfants et 8 femmes, à la suite d’attaques aléatoires et de tirs de sniper durant le premier semestre de 2024.

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