Moyen-Orient

Le renversement du camion de Kissoufim : la mort sous les roues de la faim à Gaza


À Gaza, la mort ne résulte pas uniquement des bombardements. Elle se glisse dans chaque recoin, saisissant ses victimes parmi les affamés qui attendent un morceau de pain, ou les poursuivant jusque sous les roues d’un espoir devenu tragédie. Dans une scène bouleversante illustrant la tragédie humanitaire persistante dans l’enclave assiégée, des dizaines de Palestiniens ont trouvé la mort ou ont été blessés dans la nuit de mardi à mercredi, non pas à cause de bombes, mais au cours d’une ruée désespérée vers une aide alimentaire perçue comme leur seul espoir contre une famine imposée.

Le drame s’est produit lors du renversement d’un camion d’aide humanitaire au point de passage de Kissoufim, désigné par l’armée israélienne à l’est de Deir al-Balah, pour l’entrée des livraisons. Le bilan initial fait état d’environ 30 morts.

Le porte-parole de la Défense civile palestinienne, Mahmoud Basal, a rapporté à l’AFP que le camion s’était renversé alors que des centaines de personnes étaient massées autour, dans l’attente d’une distribution de nourriture. Il a accusé les forces israéliennes d’avoir contraint le véhicule à emprunter des routes non sécurisées, déjà visées par des frappes et inadaptées à la circulation.

Alors que la crise alimentaire s’aggrave, les files d’attente devant les boulangeries se transforment en scènes de carnage. La veille, 68 personnes avaient été tuées, dont 56 qui attendaient près de points de distribution, notamment à Khan Younès au sud de la bande de Gaza, et dans la région de Zikim au nord, où transitent certaines aides autorisées par Israël.

L’armée israélienne, interrogée par l’AFP, a affirmé avoir tiré des « coups de semonce » vers des Gazaouis s’approchant d’un checkpoint à l’intersection de Morag, tout en déclarant ne pas être informée de victimes.

Entre-temps, les Nations unies alertent que « le temps presse pour apporter une réponse humanitaire complète » à Gaza. Selon un communiqué du Programme alimentaire mondial publié mercredi, plus de 39 % de la population passe désormais plusieurs jours sans aucune nourriture, tandis que plus d’un demi-million de personnes – environ un quart de la population – vit dans des conditions proches de la famine.

Dans ce contexte, le Bureau de coordination des activités gouvernementales israéliennes dans les territoires palestiniens (COGAT) a annoncé mardi qu’Israël autorisera partiellement l’entrée de marchandises commerciales dans Gaza pour réduire la dépendance à l’aide humanitaire. Le COGAT a précisé qu’un nombre limité de commerçants locaux avaient reçu une autorisation, sous condition de répondre à des critères stricts et à une surveillance sécuritaire renforcée.

Israël avait imposé un blocus total sur Gaza début mars, avant d’annoncer en mai un allègement partiel. En coordination avec Washington, un système controversé de distribution d’aide via la « Fondation humanitaire pour Gaza » avait été mis en place, suscitant des critiques de la part d’organisations internationales.

Malgré la reprise partielle de l’entrée de convois et les largages aériens d’aide, l’ONU juge que les quantités restent insuffisantes pour prévenir la famine. La crise humanitaire et les pénuries de nourriture et de biens essentiels s’intensifient dangereusement dans l’enclave palestinienne.

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