Le président Al-Charaa entame le démantèlement du dossier des djihadistes étrangers sous la pression occidentale

Les forces de sécurité générale ont lancé une vaste opération contre un camp abritant des combattants étrangers dans la ville de Harem, dans l’ouest de la province d’Idleb. L’assaut a fait plusieurs morts et blessés, et s’est soldé par l’arrestation de combattants français affiliés à des factions extrémistes.
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Dans la nuit de mardi à mercredi, les forces de sécurité générale ont mené une large campagne contre un camp de combattants étrangers à Harem, dans la région occidentale d’Idleb. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, l’opération a causé plusieurs victimes et permis l’arrestation d’éléments français ayant combattu au sein de groupes radicaux.
Cette offensive, visant ce que l’on appelle le « camp des Français », où se trouve la katiba al-Ghurabaa dirigée par le djihadiste franco-sénégalais Omar Omsen, constitue la première action directe contre la présence djihadiste étrangère dans les zones d’influence syriennes depuis les grands changements politiques survenus à la fin de 2024.
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Selon des rapports de défense des droits humains et des sources bien informées, cette initiative s’inscrit dans le cadre de la réponse du président syrien Ahmed Al-Charaa à des pressions occidentales croissantes, notamment françaises, réclamant depuis des années le rapatriement de leurs ressortissants impliqués dans des groupes extrémistes pendant la guerre en Syrie. Al-Charaa avait alors promis d’éliminer la présence djihadiste française sur le territoire syrien et de remettre les individus recherchés à Paris.
L’opération, qualifiée de « décisive et risquée » par plusieurs observateurs, traduit une orientation politique claire de Damas vers une refonte de son image extérieure et un éloignement du lourd héritage des alliances de guerre, notamment avec les combattants étrangers qui, jadis, représentaient un atout militaire, mais sont désormais perçus comme un fardeau politique et sécuritaire.
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D’après des témoins et des sources locales, des affrontements violents ont éclaté dès le début de l’assaut. Les forces de sécurité ont eu recours à des armes légères et moyennes, provoquant des pertes des deux côtés. Des informations non confirmées évoquent la blessure ou la fuite d’Omar Omsen, principal objectif de l’opération.
Des sources sécuritaires ont indiqué que l’assaut avait été précédé de rapports de renseignement faisant état de menaces internes au camp, ainsi que de tentatives de planification d’attaques contre des positions gouvernementales ou de fuites vers la frontière turque. Ces sources ont précisé que la priorité était la protection des civils, notamment des femmes et des enfants, et la prévention de toute propagation des combats vers d’autres zones du nord d’Idleb.
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Malgré son succès relatif, l’opération suscite de fortes inquiétudes sécuritaires dans la région. Des analystes redoutent qu’elle n’entraîne des représailles de la part d’autres groupes djihadistes, notamment ceux qui combattaient aux côtés des forces d’Al-Charaa. Certains craignent qu’elle ne déclenche une vague de rébellion parmi les combattants radicaux, qui pourraient considérer cette action comme une trahison des alliances forgées pendant la guerre.
Effectivement, selon l’Observatoire syrien, des combattants ouzbeks ont déjà annoncé leur soutien aux djihadistes français dans leur confrontation avec les forces de sécurité générale.
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Alors que les opérations de ratissage se poursuivent autour du camp, des sources au sein de la « katiba française » affirment que l’opération ne se limite pas à des arrestations, mais vise à démanteler complètement la katiba al-Ghurabaa et à livrer ses membres aux autorités françaises.
De leur côté, les membres du groupe ont publié un communiqué accusant le gouvernement syrien d’« exécuter un agenda étranger », affirmant que les opérations se déroulaient en coordination directe avec les États-Unis et la France dans le cadre de la coalition internationale contre le terrorisme — une tentative manifeste de créer un récit alternatif pour justifier leur résistance.
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Pour le président Ahmed Al-Charaa, cette opération représente un test à la fois interne et externe particulièrement sensible. Alors qu’il tente de se présenter à la communauté internationale comme le dirigeant d’une Syrie « post-guerre », il lui faut désormais rompre avec l’héritage de ses alliances avec des groupes radicaux, longtemps utilisés comme levier de pression diplomatique contre Damas. Sa décision d’intégrer temporairement des djihadistes étrangers à l’armée syrienne, il y a quelques mois, avait d’ailleurs suscité une vive controverse interne et internationale.
Cependant, cette rupture avec les djihadistes étrangers pourrait avoir un prix élevé. Les groupes ayant soutenu le maintien du régime durant les périodes critiques pourraient y voir une trahison des ententes tacites passées, augmentant le risque de chaos sécuritaire, voire d’affrontements armés entre factions autrefois alliées.
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En définitive, l’assaut contre le « camp des Français » ouvre une nouvelle phase dans la relation entre le régime syrien et la communauté internationale. Mais il place également Damas face à d’importants défis internes, notamment celui de contenir les répercussions de cette opération et d’éviter une déstabilisation sécuritaire dans le nord du pays, où le terrain demeure propice aux flambées de violence et à la résurgence d’anciennes alliances fragiles.
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