Grand Maghreb

Le mufti de la ruine face à ses alliés : une crise de financement révèle les divisions internes des Frères musulmans en Libye


Un nouveau conflit a éclaté au sein de l’organisation des Frères musulmans en Libye, marquant un affrontement interne intense autour du financement lié à la Dar al-Ifta libyenne, dirigée par le mufti des groupes terroristes et figure du groupe, Sadiq al-Ghariani.

Les différends portent principalement sur la Faculté des sciences islamiques et sur le projet de développement de l’hôpital Abu Sitta, deux institutions affiliées à al-Ghariani, censées bénéficier de subventions publiques.

Dans son émission télévisée « L’islam et la vie », diffusée sur sa chaîne privée Al-Tanasuh, al-Ghariani a affirmé que la faculté connaît une quasi-paralysie des services en raison du non-versement du budget, affectant la restauration, le nettoyage et les primes des enseignants et des étudiants. Il a ajouté qu’aucune somme n’a été allouée pour équiper l’hôpital Abu Sitta ou fournir les médicaments et matériels médicaux nécessaires.

Al-Ghariani a tenu pour responsable Mohammed al-Shahoubi, ministre des Transports du gouvernement d’union nationale sortant – connu pour ses liens avec les courants extrémistes – de bloquer la mise en œuvre de la décision depuis plus de deux mois. Il a souligné que toutes les tentatives de contact avec le ministre et le gouvernement étaient restées vaines.

Une entité illégale

Pour sa part, le juriste libyen Mohamed Saleh Jibril al-Lafi a déclaré que « la Libye dispose déjà de facultés et de départements islamiques agréés, et qu’il n’y a donc aucune nécessité pour celle d’al-Ghariani, qui cherche seulement à créer un foyer pour former des extrémistes et diffuser la pensée takfiriste ».

Il a précisé que le statut légal de cette faculté et des bourses qu’elle accorde est illégitime, car la loi n°15 de 2012 régissant la Dar al-Ifta stipule que ses compétences se limitent à l’émission de fatwas sur les questions religieuses générales, sans pouvoir créer d’établissements éducatifs ni délivrer de diplômes. De plus, la loi n°8 de 2014 a officiellement dissous la Dar al-Ifta libyenne.

Al-Lafi a ajouté que le retard dans le versement des fonds, malgré les relations cordiales avec le gouvernement d’union sortant, s’explique par le fait que le Premier ministre a désormais apaisé ses différends avec les milices et ses rivaux, et n’a donc plus besoin du soutien d’al-Ghariani, ce qui expliquerait son inertie à financer ses projets.

Des fatwas destructrices

Depuis 2014, al-Ghariani est connu pour ses appels à la division et au chaos, notamment depuis sa destitution de la fonction de grand mufti de Libye par le Parlement, en novembre 2014. Il n’a cessé d’exploiter son ancienne position pour publier des fatwas incitant à la violence et soutenant le désordre, en particulier contre l’armée nationale libyenne.

Dans les cercles libyens, al-Ghariani est surnommé le « mufti de la ruine », en raison de son lourd passé de fatwas ayant alimenté les conflits armés internes. Parmi les plus notoires figurent ses appels directs aux milices pour descendre dans la rue, empêcher les élections et saboter tout processus démocratique pacifique.

Malgré sa destitution, al-Ghariani continue de diriger la soi-disant « Dar al-Ifta » à Tripoli, soutenu par des milices extrémistes qui lui assurent protection en échange d’une couverture religieuse légitimant leurs actions armées et leurs violations à l’encontre de l’État.

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