Le Mossad révèle comment les explosions des pagers ont bouleversé la guerre contre le Hezbollah
David Barnea : « Nous avons introduit les 500 premiers pagers au Liban quelques semaines avant les événements du 7 octobre, infligeant au Hezbollah un coup dur qui a brisé son moral. »
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Le directeur du Mossad, David Barnea, a révélé mardi de nouveaux détails sur l’attaque des pagers ayant ciblé des membres du Hezbollah, affirmant qu’elle avait renversé la situation contre l’organisation soutenue par l’Iran dans sa guerre contre Israël. Il s’agit d’un rare aveu d’une opération secrète du service de renseignement israélien, dont l’impact sur le cours de la guerre a été significatif.
Il a évoqué l’introduction d’environ 500 pagers au Liban quelques semaines avant les événements du 7 octobre, sans toutefois préciser si ces deux événements étaient liés.
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Lors d’une conférence à l’Institut des études sur la sécurité nationale à Tel-Aviv, il a déclaré :
« Cette opération a marqué un tournant sur le front nord, où nous avons inversé la situation face à nos ennemis. On peut établir un lien direct entre l’attaque des pagers, l’élimination de Hassan Nasrallah et l’accord de cessez-le-feu. Le Hezbollah a subi un coup dévastateur qui a détruit l’esprit du groupe. »
Le 17 et 18 septembre, Israël a mené une opération ciblée, faisant exploser des centaines d’appareils de communication (pagers et radios) utilisés par les combattants du Hezbollah. Selon les autorités libanaises, cette attaque aurait causé la mort de 39 personnes et blessé des milliers d’autres.
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Le 27 septembre, Israël a procédé à l’assassinat du secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors de frappes aériennes massives dans la banlieue sud de Beyrouth.
Quelques jours plus tard, les forces israéliennes ont lancé des opérations terrestres dans les zones frontalières du sud du Liban, après avoir intensifié depuis le 23 septembre leurs frappes aériennes contre les bastions du Hezbollah dans le sud et l’est du Liban, ainsi que dans la banlieue sud de Beyrouth.
Cette confrontation ouverte s’est déclenchée après près d’un an d’échanges de tirs à travers la frontière dans le cadre du conflit à Gaza. Le 27 novembre, un accord de cessez-le-feu a été conclu entre Israël et le Hezbollah sous médiation américaine.
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Toutefois, Israël n’a pas retiré ses troupes du sud du Liban, maintenant une présence militaire dans cinq hauteurs stratégiques le long de la frontière, ce que les autorités libanaises considèrent comme une occupation.
Dans un rare aveu sur les tactiques du Mossad, David Barnea a donné de nouveaux détails sur les explosions des pagers :
« Nous avons conçu une méthode non conventionnelle pour cette attaque : faire exploser les appareils portés en permanence par les membres du Hezbollah. »
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Il a révélé que la préparation de l’opération avait commencé en 2022, avec l’acheminement de la première cargaison de 500 pagers au Liban quelques semaines avant l’attaque du Hamas contre le sud d’Israël, le 7 octobre 2023.
« Lorsque nous avons déclenché l’opération, nous avons fait exploser dix fois plus d’appareils que ce nombre initial », a-t-il ajouté, précisant que le Premier ministre Benjamin Netanyahou avait personnellement approuvé l’attaque.
Il a conclu :
« Le jour où des milliers d’appareils ont explosé dans les mains des combattants du Hezbollah restera gravé dans l’histoire comme un tournant majeur dans cette guerre… Ce fut la preuve que la ruse en guerre peut être plus puissante que la force militaire conventionnelle. »
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Plus tôt ce mois-ci, le bureau de Netanyahou avait annoncé que le Premier ministre israélien avait offert un pager en or au président américain Donald Trump, lors de sa visite à la Maison-Blanche à Washington, pour commémorer l’opération et son impact sur le Hezbollah.
Des agents israéliens ont révélé que le plan de sabotage des appareils de communication du Hezbollah avait commencé il y a dix ans, avec l’utilisation de talkies-walkies achetés par le groupe auprès d’une fausse entreprise créée par le Mossad, sans qu’il en ait connaissance. Par la suite, l’idée d’utiliser des pagers a émergé.
Selon ces agents, la deuxième phase du plan — piéger les pagers et les vendre au Hezbollah — a débuté en 2022, après que le Mossad eut découvert que l’organisation comptait acheter ces appareils auprès de Gold Apollo, une société basée à Taïwan.
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Ils ont confirmé que les pagers avaient été conçus légèrement plus grands afin de dissimuler une charge explosive suffisante pour tuer les combattants du Hezbollah, tout en étant testés sur des mannequins pour garantir l’efficacité de l’attaque sans blesser d’autres personnes à proximité.
Les autorités taïwanaises ont ouvert une enquête sur l’incident et ont conclu que les composants utilisés pour la fabrication de milliers de ces pagers n’avaient pas été produits à Taïwan.
L’enquête s’est également étendue à la Bulgarie, où le service de sécurité bulgare a affirmé qu’aucun pager utilisé dans l’attaque au Liban n’avait été fabriqué, importé ou exporté depuis le pays.