Le monstre soviétique S-200 : l’Ukraine ressuscite les fantômes du passé pour effrayer la Russie

La guerre en Ukraine a été marquée par un haut niveau d’innovation et de créativité militaire. Pourtant, malgré l’apparition d’armes modernes, certaines armes anciennes restent redoutablement efficaces.
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L’Ukraine a su transformer une partie de son vieil arsenal soviétique en véritables monstres de combat, démontrant ainsi son ingéniosité et l’importance de l’autonomisation technologique dans les conflits contemporains.
L’un des exemples les plus emblématiques est celui du système de missiles soviétique S-200, surnommé SA-5 « Gammon » par l’OTAN. Ce système de missiles sol-air à longue portée et haute altitude, développé durant la guerre froide, connaît aujourd’hui une nouvelle vie sur le champ de bataille, selon le site américain The National Interest, qui cite des témoignages du correspondant de guerre David Axe.
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Sur sa chaîne Telegram, Axe rapporte que le premier tir confirmé du système S-200, survenu le 9 juillet 2023, aurait frappé un site industriel situé dans la région russe de Briansk.
La deuxième frappe confirmée a eu lieu 17 jours plus tard, lorsqu’un missile 5V28 s’est abattu sur Taganrog, une ville côtière russe de la mer Noire, située à 20 miles de la frontière ukrainienne et à 100 miles de la ligne de front.
Ces frappes illustrent comment les Ukrainiens redéfinissent les usages des anciens systèmes d’armement, comme le S-200, considéré obsolète selon les normes modernes.
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Un géant ressuscité
Le missile 5V28, tiré depuis un lanceur fixe, pèse 8 tonnes et peut transporter une ogive de 500 livres. Sa période de gloire remonte aux années 1960, mais il s’avère aujourd’hui plus utile pour l’Ukraine que de nombreux systèmes fournis par les partenaires de l’OTAN, en raison de sa familiarité locale et de la disponibilité de ses chaînes logistiques internes.
Conçu pour abattre les bombardiers B-52 Stratofortress, le S-200 visait à intercepter des cibles de grande taille à longue distance et haute altitude, à la différence de son prédécesseur le S-75.
Ce système, ni mobile ni rapide à déployer, était destiné à protéger des cibles fixes de haute valeur, avec une architecture composée de plusieurs lanceurs, batteries de missiles, radars de détection et de suivi, ainsi qu’un réseau de commande et de contrôle.
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Son missile principal, le V-880 (ou 5V21 dans les versions ultérieures), est un engin à deux étages, doté d’un propulseur à carburant solide et d’un système d’appoint à carburant liquide.
Selon le modèle, le missile peut atteindre des cibles situées entre 150 et 300 km de distance, ce qui en faisait à l’époque l’un des missiles sol-air les plus longs porteurs de son temps.
Il peut également intercepter des cibles à plus de 40 000 mètres d’altitude, soit largement au-dessus de l’altitude de vol de tout aéronef.
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Le S-200 atteint des vitesses allant jusqu’à Mach 4, ce qui lui permet d’intercepter des cibles rapides. Il est équipé d’une ogive explosive de 500 livres avec un détonateur de proximité, le rendant particulièrement destructeur contre les cibles aériennes.
Le système repose sur un guidage radar semi-actif, utilisant des radars au sol comme le 5N62 (Square Pair) pour l’illumination de la cible. Des radars de tir assurent le suivi précis, tandis que les radars d’alerte précoce comme le P-14 (Tall King) permettent la détection initiale.
Selon David Axe, la précision surprenante des S-200 ukrainiens, désormais utilisés en mode sol-sol, suggère que des ingénieurs de Kiev ont peut-être intégré des systèmes de guidage plus avancés.
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