Le jus de brocoli : une tendance santé justifiée ou un simple effet de mode ?

16 juillet 2025

3 minutes de lecture

Le jus de brocoli : une tendance santé justifiée ou un simple effet de mode ?

Depuis quelques mois, une nouvelle tendance s’impose sur les réseaux sociaux, notamment TikTok et Instagram : le jus de brocoli. Consommé pur ou en association avec d’autres légumes, ce breuvage vert foncé est présenté comme un élixir anticancer aux multiples bienfaits. Des vidéos virales vantent ses effets sur l’immunité, la digestion, la peau et, surtout, sur la prévention du cancer. Mais qu’en dit réellement la science ? Est-ce une découverte révolutionnaire ou un engouement sans fondement ?

Le brocoli : un superaliment aux multiples vertus

Le brocoli est un légume crucifère de la famille des Brassicacées, au même titre que le chou, le chou-fleur et le kale. Il est depuis longtemps reconnu pour sa richesse nutritionnelle.

100 g de brocoli cru contiennent :

Une grande quantité de vitamine C (environ 90 mg)
De la vitamine K, du folate, des vitamines du groupe B
Du calcium, du potassium et du fer
Des fibres alimentaires
Des antioxydants puissants

Mais ce qui distingue le brocoli des autres légumes, c’est la présence d’un composé unique : le sulforaphane.

Le sulforaphane : un allié potentiel contre le cancer

Le sulforaphane est un isothiocyanate issu de la dégradation de la glucoraphanine, un glucosinolate naturellement présent dans le brocoli, notamment dans les jeunes pousses (ou germes de brocoli). Ce composé bioactif a été largement étudié en laboratoire pour ses effets antioxydants, anti-inflammatoires, antimicrobiens et surtout anticancérogènes.

Des recherches ont montré que le sulforaphane peut :

Favoriser l’élimination des substances cancérigènes par le foie
Stimuler les enzymes de détoxification
Inhiber la prolifération de cellules cancéreuses dans certains modèles animaux (notamment cancer du sein, de la prostate et du côlon)
Protéger l’ADN contre les mutations

Cependant, la majorité de ces données proviennent d’études in vitro ou chez l’animal. Les résultats sont prometteurs mais ne permettent pas à eux seuls de conclure que le sulforaphane prévient le cancer chez l’être humain.

Que se passe-t-il quand on boit du jus de brocoli ?

Le fait de presser ou mixer du brocoli permet de libérer la myrosinase, une enzyme nécessaire à la transformation de la glucoraphanine en sulforaphane. Ainsi, le jus de brocoli consommé cru serait l’une des meilleures façons de bénéficier de ce composé.

Mais attention :

Le sulforaphane est instable et peut être dégradé par la chaleur ou un mauvais stockage
Sa biodisponibilité (quantité réellement absorbée par l’organisme) varie fortement selon les individus
Les doses consommées dans un simple verre de jus sont bien inférieures à celles utilisées dans les études

Existe-t-il des preuves cliniques ?

Les données cliniques sur les effets directs du jus de brocoli sont limitées. Toutefois, certaines études menées sur des extraits concentrés de germes de brocoli riches en sulforaphane ont montré des effets intéressants, notamment :

Une réduction des marqueurs de stress oxydatif
Une amélioration de la détoxification hépatique
Des effets positifs sur certains troubles neurodégénératifs (comme l’autisme ou la schizophrénie)

Mais dans aucun cas il ne s’agit de traitements, ni de substituts à une prise en charge médicale.

Les limites de la tendance

Boire du jus de brocoli ne vous protégera pas à lui seul contre le cancer. Une alimentation équilibrée, riche en végétaux, associée à une activité physique régulière, un bon sommeil et l’évitement du tabac et de l’alcool reste la meilleure prévention.

De plus, certains effets indésirables peuvent apparaître en cas de consommation excessive :

Ballonnements, troubles digestifs
Interaction avec certains médicaments anticoagulants (en raison de la vitamine K)

Le jus de brocoli est un concentré intéressant de nutriments et de composés bioactifs, notamment le sulforaphane. Il peut faire partie d’une routine santé globale, mais ne doit pas être considéré comme un remède miracle. La prudence reste de mise face aux promesses virales non validées par des études cliniques solides.