Moyen-Orient

Le gouvernement libanais serre l’étau financier sur le Hezbollah en interdisant les transactions avec Al-Qard Al-Hassan


La décision de la Banque du Liban d’interdire aux institutions financières agréées tout contact direct ou indirect avec l’association « Al-Qard Al-Hassan« , affiliée au Hezbollah, marque un tournant significatif dans la pression exercée sur l’influence financière du mouvement soutenu par l’Iran.

Cette mesure, en préparation depuis plusieurs mois, reflète selon un responsable libanais la pression croissante exercée par les États-Unis sur le gouvernement libanais pour cibler le bras financier du Hezbollah. Elle s’inscrit dans une tentative plus large de colmater les failles réglementaires susceptibles de faciliter des activités illicites. L’association « Al-Qard Al-Hassan » est régulièrement accusée de blanchiment d’argent et de financement du Hezbollah.

Ce geste est perçu comme une réponse à la pression internationale, notamment américaine, puisque Washington a placé l’organisation sur sa liste noire en 2007 pour son rôle présumé dans la dissimulation d’activités financières et son utilisation du système bancaire international au profit du Hezbollah.

Selon Nassib Ghobril, économiste en chef à la Byblos Bank, les banques libanaises évitaient déjà toute interaction avec cette organisation, compte tenu des sanctions américaines. Il affirme que « le point essentiel est que les autorités s’attaquent enfin à l’économie parallèle au Liban, qui constitue un réel problème ». Il critique par ailleurs l’inaction prolongée du gouvernement face aux effets nocifs de ce système.

Bien que le Hezbollah s’appuie sur ses propres circuits de financement, cette interdiction limite l’accès d’Al-Qard Al-Hassan au système bancaire libanais, restreignant ainsi la gestion de ses fonds et ses transferts financiers.

En juin, la Commission européenne a inscrit le Liban sur la liste actualisée des juridictions à haut risque en matière de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Le Groupe d’action financière (GAFI) avait déjà placé le pays sur sa « liste grise » en 2023.

Malgré son influence politique et militaire majeure, le Hezbollah n’a pas réussi à imposer sa vision lors de la formation du gouvernement post-conflit en février.

Créée en 1983, Al-Qard Al-Hassan se présente comme une organisation caritative offrant des prêts conformes à la charia. Toutefois, elle opère sous licence gouvernementale avec plus de 30 agences, principalement situées dans les zones chiites de Beyrouth, du Sud du Liban et de la plaine de la Bekaa.

Dans un développement parallèle, Israël a mené mardi certaines de ses frappes aériennes les plus violentes depuis le cessez-le-feu de novembre, ciblant des camps d’entraînement et des dépôts d’armes dans l’est du Liban. Selon une source sécuritaire libanaise, 12 personnes ont été tuées, dont cinq combattants du Hezbollah.

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