Le cancer peut-il réapparaître après une mastectomie ?

L’ablation du sein, ou mastectomie, demeure l’une des interventions chirurgicales majeures dans le traitement du cancer du sein. Elle est souvent envisagée lorsque la tumeur est volumineuse, que le cancer est multifocal, ou encore lorsque d’autres options thérapeutiques se révèlent insuffisantes. Pourtant, une question persiste chez de nombreuses patientes : le cancer peut-il revenir même après une mastectomie ?
La réponse est nuancée. Si la mastectomie réduit de manière significative le risque de récidive locale, elle ne l’élimine pas complètement. En effet, aucune chirurgie ne permet d’ôter la totalité des cellules cancéreuses microscopiques qui pourraient subsister dans les tissus avoisinants. De plus, le cancer du sein est une maladie systémique : des cellules tumorales peuvent se détacher de la tumeur initiale et circuler dans l’organisme bien avant l’intervention, constituant ainsi un risque de récidive à distance (métastases).
On distingue généralement deux formes de récidive après mastectomie :
- La récidive locale, qui survient dans la paroi thoracique ou les cicatrices chirurgicales, parfois plusieurs années après l’opération.
- La récidive à distance, lorsque des métastases apparaissent dans des organes comme les poumons, le foie, les os ou le cerveau.
Les facteurs de risque de récidive sont multiples. Ils dépendent notamment du stade initial du cancer, du type histologique, de la présence ou non de cellules tumorales dans les ganglions lymphatiques, ainsi que de la réponse du corps aux traitements complémentaires (chimiothérapie, hormonothérapie, radiothérapie, thérapies ciblées).
Il est essentiel de rappeler que la surveillance post-opératoire joue un rôle capital. Des consultations régulières, associées à des examens d’imagerie et à des analyses biologiques, permettent de détecter précocement toute anomalie. De plus, certaines patientes bénéficient d’un traitement adjuvant prolongé visant à réduire davantage le risque de récidive.
La récidive éventuelle ne doit pas être interprétée comme un échec de la mastectomie. L’intervention chirurgicale demeure un pilier thérapeutique qui sauve de nombreuses vies en réduisant drastiquement la charge tumorale. Elle s’inscrit dans une stratégie globale où interviennent également la médecine personnalisée et les nouvelles thérapies.
Enfin, au-delà des considérations médicales, il est important de souligner l’impact psychologique de cette interrogation. La peur de la récidive est légitime et mérite d’être accompagnée par des équipes pluridisciplinaires, incluant oncologues, psychologues et associations de patientes, afin de redonner confiance et qualité de vie.