Politique

Le Canada emboîte le pas à l’Europe dans la reconnaissance de l’État de Palestine


Washington et Tel-Aviv dénoncent le changement de position du gouvernement canadien, estimant qu’il favorise le Hamas et compromet les efforts de cessez-le-feu à Gaza.

Le Premier ministre canadien Mark Carney a annoncé que le Canada « envisage » de reconnaître officiellement l’État de Palestine lors de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies prévue en septembre 2025 à New York. Cette décision a immédiatement suscité la condamnation d’Israël, tandis que le président palestinien Mahmoud Abbas l’a qualifiée d’« historique ».

Lors d’une conférence de presse à Ottawa, Carney a précisé que ce revirement est motivé par une conviction de longue date selon laquelle la solution à deux États constitue la seule issue viable au conflit israélo-palestinien. Il a toutefois mis en garde contre l’érosion progressive de cette possibilité : « Cette solution disparaît sous nos yeux. »

Il a également souligné que la reconnaissance canadienne dépend de la volonté de l’Autorité palestinienne de mettre en œuvre des réformes majeures, notamment l’organisation d’élections générales en 2026 et l’engagement à ne pas armer un futur État palestinien.

Carney a rappelé que le Canada a toujours soutenu la création d’un État palestinien à travers un processus de paix fondé sur des négociations directes entre Israël et l’Autorité palestinienne. Il a toutefois reconnu l’échec de cette approche, dénonçant à la fois « le terrorisme du Hamas » et son refus persistant de reconnaître le droit d’Israël à exister.

Parallèlement, il a critiqué « l’échec continu d’Israël à prévenir la catastrophe humanitaire à Gaza » ainsi que l’expansion des colonies dans les territoires occupés de Cisjordanie et à Jérusalem-Est, jugée illégale par la communauté internationale.

Le Canada suit ainsi la voie tracée récemment par la France et le Royaume-Uni, qui ont également annoncé leur intention de reconnaître l’État de Palestine lors de la prochaine Assemblée générale de l’ONU.

Le président Abbas a salué cette annonce, affirmant qu’elle renforcera « la paix, la stabilité et la sécurité » dans la région. Selon l’agence de presse palestinienne officielle Wafa, Abbas a décrit la décision canadienne comme « courageuse » et « prise à un moment historique crucial pour sauver la solution des deux États ».

De son côté, le ministère israélien des Affaires étrangères a fermement rejeté l’annonce de Carney, estimant qu’elle équivaut à « une récompense pour le Hamas » et nuit aux efforts en cours visant à obtenir un cessez-le-feu durable et la libération des otages.

L’ancien président américain Donald Trump a également fustigé la décision, avertissant qu’elle compliquerait les négociations commerciales entre les États-Unis et le Canada. Sur son réseau Truth Social, il a déclaré : « Le Canada vient d’annoncer qu’il soutient un État palestinien. Cela rendra un accord commercial très difficile à conclure ! »

La France, quant à elle, a exprimé son soutien à l’initiative canadienne. L’Élysée a publié un communiqué affirmant que Paris « poursuivra ses efforts pour que d’autres pays rejoignent cette dynamique », précisant que le président Emmanuel Macron s’était entretenu à ce sujet avec Carney plus tôt dans la journée.

De son côté, le Premier ministre britannique Keir Starmer avait déjà annoncé que son gouvernement reconnaîtrait l’État de Palestine en septembre, à moins qu’Israël ne présente une série d’engagements, dont un cessez-le-feu immédiat à Gaza.

La déclaration canadienne intervient au lendemain d’un rapport alarmant du principal observatoire mondial de la sécurité alimentaire, indiquant que « le pire scénario de famine est en train de se réaliser » dans la bande de Gaza, dévastée par 21 mois de guerre entre Israël et le Hamas.

Depuis l’effondrement des négociations avec le Hamas, Israël a imposé un blocus total de Gaza début mars. Fin mai, l’État hébreu a autorisé l’entrée de petites quantités d’aide, face aux craintes croissantes de famine.

Dimanche, Israël a annoncé un « arrêt tactique » limité dans certaines zones pour permettre le passage de l’aide humanitaire via deux postes frontaliers. Des avions jordaniens et émiratis ont également pu larguer de l’aide par voie aérienne.

Malgré cette amélioration relative, les experts mandatés par l’ONU estiment que les livraisons actuelles restent insuffisantes tant que les agences humanitaires ne pourront pas opérer « librement, sans entraves et immédiatement ».

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