Moyen-Orient

L’attaque de l’Iran contre Israël : « Une mise en jeu » ou « Un piège » ?


L’attaque du 1er octobre a été la deuxième qu’Iran a lancée contre Israël cette année, impliquant des missiles plus sophistiqués. Mais la question est : pourquoi Téhéran a-t-elle choisi d’affronter Tel Aviv maintenant ?

Le motif le plus direct de cette attaque est « la vengeance », puisque l’Iran a déclaré qu’il s’agissait d’une réponse à l’assassinat par Israël du leader du Hamas Ismaïl Haniyeh à Téhéran en juillet dernier, ainsi que du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah et du commandant des Gardiens de la Révolution, Abbas Nilforoushan, à Beyrouth récemment.

Outre la vengeance, le magazine Foreign Policy mentionne une autre raison : Téhéran aurait espéré instaurer un certain degré de dissuasion contre l’arrogance israélienne après une série de succès militaires et de renseignements en Liban qui ont infligé des dommages importants au Hezbollah.

Une mise en jeu risquée

Quant à la vengeance, Foreign Policy l’a qualifiée dans une analyse de « mise en jeu risquée », car il est probable qu’elle soit suivie d’une forte riposte israélienne, menant à une spirale coûteuse vers un conflit total avec Israël et les États-Unis.

Le magazine souligne que l’Iran considérait la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza comme un « réajustement stratégique pour le Moyen-Orient ». Cela a remis la cause palestinienne au premier plan, et la réaction régionale et mondiale rapide à la guerre a créé un dilemme diplomatique pour Israël.

Depuis l’attaque surprise menée par le Hamas le 7 octobre dernier sur des villes israéliennes, Foreign Policy affirme que Téhéran et ses alliés, au sein de l’« Axe de la Résistance », ont cherché à approfondir ce dilemme tout en évitant une guerre régionale plus vaste qui mettrait l’Iran face à une confrontation directe avec les États-Unis.

Israël, quant à elle, voulait sortir de ce dilemme en élargissant la guerre à Gaza et en mettant l’Iran et les États-Unis sur une trajectoire de collision.

Les États-Unis ont renforcé leur présence militaire au Moyen-Orient pour soutenir Israël contre les attaques de l’Iran et du Hezbollah.

Attirer les États-Unis dans une guerre ouverte

Si l’affrontement entre Tel Aviv, d’une part, et l’Iran et ses alliés, d’autre part, s’intensifie, Washington entrerait en guerre, ce qui pourrait se transformer en un conflit ouvert. L’Iran pourrait comprendre que l’assassinat de Haniyeh et Nasrallah visait à l’attirer dans « ce piège », selon la même source.

Le Hezbollah est l’allié régional le plus important de l’Iran, et Téhéran se sent obligé de protéger ce qu’il en reste. De plus, la mort de Nasrallah a été un coup dur pour l’Iran. Selon Foreign Policy, l’absence de réponse constituerait une crise de légitimité pour Téhéran.

De plus, la guerre éclair menée par Israël pour détruire le Hezbollah, débutant par la destruction de centaines d’appareils radio le 17 septembre dernier, et culminant avec la mort de Hassan Nasrallah et l’invasion terrestre, a montré qu’Israël était confiant d’obtenir le dessus, une image que l’Iran ne pouvait laisser sans contestation.

Foreign Policy souligne également que le retard de l’Iran dans sa réponse l’a exposé à des pressions et des condamnations.

Ainsi, l’attaque de missiles mardi dernier était une manœuvre risquée, mais ce n’était pas une réaction impulsive. Cela reflète des calculs plus complexes à Téhéran.

L’Iran voulait montrer qu’il avait l’audace et la capacité de frapper Israël. Mais il voulait aussi prouver, comme en témoigne le ton de la couverture médiatique officielle et sympathisante ainsi que les réseaux sociaux, qu’il est le seul pays du Moyen-Orient prêt à affronter Israël directement. Cependant, cela pourrait bien mener à la guerre que l’Iran espérait jusqu’à présent éviter.

Cela augmente également les risques pour les États-Unis. L’objectif de l’Iran n’est pas tant de dissuader Israël que d’obliger Washington à le faire.

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