Grand Maghreb

La Tunisie se prépare à promulguer une nouvelle loi pour surveiller le financement des associations

Le Premier ministre tunisien insiste sur la nécessité pour la nouvelle loi sur les associations de contribuer au renforcement du rôle de la société civile dans le respect des principes, des droits et dans le cadre de l'État de droit


Le gouvernement tunisien a décidé de mettre en place une commission chargée de rédiger une nouvelle loi spécifiquement consacrée aux associations, couvrant des aspects tels que le financement et l’organisation. Cette décision intervient après une période de critiques du président Kais Saied envers certaines de ces associations, les accusant de recevoir un financement suspect et d’espionnage au profit d’entités étrangères.

Selon un communiqué du gouvernement, une séance de travail ministérielle a été consacrée à la discussion des questions liées aux associations et à leur financement. La séance, supervisée par le Premier ministre Ahmed Al-Hachani, comprenait la présence de la ministre des Finances Sahar Nemsia Al-Boughdiri et d’un représentant du ministère de la Justice.

Le communiqué indique qu’au cours de la séance, il a été décidé de former une commission chargée de travailler sur une nouvelle loi pour les associations, avec la possibilité de réviser d’autres lois liées au financement des associations et au blanchiment d’argent.

Le Premier ministre tunisien a souligné l’importance de la nouvelle loi contribuant au renforcement du rôle de la société civile dans le respect des principes, des droits et des garanties stipulés dans la constitution et dans le cadre de l’État de droit.

Le président Saied a abordé à plusieurs reprises la question du financement étranger des associations, le considérant comme une question de sécurité nationale pour les Tunisiens et une menace pour la souveraineté nationale. Lors d’une réunion avec la ministre de la Justice, Leila Jaffal, Saied a confirmé qu’une organisation avait reçu un financement étranger d’un montant de 7,615 millions de dinars (2,5 millions de dollars) de 2016 à 2023 sous couvert de la société civile, mettant en lumière de nombreuses irrégularités dans le dossier des associations, mettant en danger la souveraineté nationale.

Au cours de la dernière décennie, le financement étranger des associations et des partis a joué un rôle dans l’impact sur la vie politique et sa soumission à des influences externes, nuisant finalement aux intérêts tunisiens et à l’indépendance des décisions nationales.

Saied a souligné précédemment la nécessité de lutter contre le phénomène du financement étranger des associations et de traduire la législation liée à la surveillance des fonds suspects.

Le mois dernier, les autorités judiciaires tunisiennes ont décidé de dissoudre des dizaines de partis et d’associations soupçonnés de financement étranger, liés à la transparence financière et aux sources de financement. Elles ont suspendu les activités de 182 associations sur 272 notifiées, tout en prenant des décisions de dissolution de 69 associations en raison de soupçons de financement.

La directrice du bureau du Premier ministre, Samia Al-Sharfi, a déclaré lors d’une séance d’écoute au Parlement le mois dernier : « L’augmentation du financement étranger des associations est due à la multiplication de leur nombre au cours de la dernière décennie, résultat de l’absence de dispositions légales fixant une limite à ces flux financiers externes. »

L’opposition cherche à exploiter la question de la surveillance du financement des associations pour accuser le président tunisien de restreindre le travail de la société civile, considéré comme fondamental dans les sociétés modernes. Cependant, Saied a affirmé à plusieurs reprises que ses décisions en la matière ne constituent pas « une restriction aux associations ou à la société civile », notant que certaines associations étaient « une extension des partis et des services de renseignement étrangers ».

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