Grand Maghreb

La Tunisie Poursuit les Propagateurs de Rumeurs via les Pages et Sites Web


Les ministères de l’Intérieur, de la Justice et de la Technologie de la Communication confirment que des listes de pages et de groupes électroniques faisant l’objet d’un suivi judiciaire seront publiées périodiquement sur les sites web officiels

La Tunisie renforce les mesures légales et punitives pour contrer la cybercriminalité et faire face aux entités qui exploitent les réseaux sociaux et les sites web pour diffuser de fausses informations et des nouvelles fabriquées, dans le but d’exploiter les troubles sociaux dus à la détérioration de la situation financière et économique. 

Cela inclut l’incitation et la déstabilisation du pays, entravant les efforts de réforme lancés par le président tunisien Kais Saied après les événements du 25 juillet 2021. 

Les ministères de la Justice, de l’Intérieur et de la Technologie de la Communication ont déclaré dans un communiqué conjoint que des enquêtes pénales ont été lancées pour révéler les identités des personnes derrière les pages électroniques, les comptes et les groupes utilisant délibérément ces plateformes pour produire, diffuser, envoyer ou préparer de fausses nouvelles, déclarations et rumeurs. Ces actions visent à diffamer, à porter atteinte aux réputations, à violer les droits d’autrui, à perturber l’ordre public et la paix sociale, à saper les intérêts de l’État tunisien et à ternir ses symboles. 

Les trois ministères ont émis un avertissement « à toute personne contribuant ou participant au partage de contenu d’un site ou d’une page faisant l’objet d’un suivi judiciaire ou pénal, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du territoire tunisien, qu’elle s’expose à des actions similaires. » 

Le communiqué a souligné que « des listes de pages et de groupes électroniques faisant l’objet d’un suivi seront publiées périodiquement sur les sites web officiels. » Cette décision intervient après une séance de travail conjointe tenue au siège du ministère de la Justice entre la ministre de la Justice, Leïla Jaffe

l, le ministre de l’Intérieur, Kamel El-Fekih, et le ministre des Technologies de la Communication, Mohamed Fadel Karim. 

Cette séance visait à adopter une approche collaborative efficace pour lutter contre la cybercriminalité, suivre les auteurs et contrer les pages sur les réseaux sociaux cherchant à nuire aux intérêts de l’État tunisien et de ses citoyens en propageant de fausses rumeurs. 

Les observateurs estiment que cette décision suscitera la controverse en Tunisie, tout comme le débat suscité par le décret n° 54 publié en septembre 2022, critiqué par le Syndicat des journalistes tunisiens et certaines forces d’opposition à l’encontre du président Saied. 

Le décret visait les personnes accusées de diffuser de fausses informations. Le décret n° 54 faisait également partie des efforts pour lutter contre la cybercriminalité, tels que le piratage, la fraude et le vol de données en ligne. Le communiqué conjoint des trois ministères en Tunisie pourrait être la mise en œuvre du décret du président Kais Saied. 

La Tunisie a imposé des peines allant jusqu’à cinq ans de prison et des amendes importantes aux personnes accusées de propager des « fausses nouvelles » ou des « rumeurs » en ligne via le décret n° 54. On pense que cette décision vise à empêcher certains sites web et pages d’exploiter les conditions économiques et financières précaires ainsi que la colère populaire due à la pénurie de produits essentiels pour inciter les citoyens. Les autorités nient systématiquement de telles allégations et insistent sur le fait que les informations diffusées font partie d’une campagne contre elles. 

Le dossier « Instalingo » est un exemple frappant de l’impact des campagnes médiatiques sur les réseaux sociaux. Ce dossier, actuellement entre les mains de la justice tunisienne, a révélé l’implication de journalistes, d’anciens responsables, de dirigeants de partis et de personnalités politiques dans un réseau visant à influencer l’opinion publique et à exercer des pressions à travers la diffamation, la calomnie et le chantage. 

La Tunisie se remet progressivement d’une période de négligence qui a persisté pendant une décennie en imposant des lois et en restaurant la crédibilité des institutions officielles.

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