La présidence turque transmet un mémorandum au Parlement afin d’étendre la présence des troupes en Libye – Détails
Lundi, le président turc Recep Tayyip Erdoğan a envoyé une motion au parlement turc pour demander une prolongation du déploiement de ses troupes en Libye pour une nouvelle période de 18 mois.
Comme dans une proposition présidentielle précédemment approuvée, le nombre de troupes utilisées, à quel moment et où elles seront déployées dépend entièrement de la discrétion d’Erdoğan.
La dernière proposition présidentielle, comme celles de 2020 et 2021, considère que « l’armée nationale libyenne n’a pas sa place dans l’accord politique libyen et est illégitime tant au niveau national qu’international ».
Il est également indiqué dans la proposition que la Turquie continue de fournir une formation et des conseils dans le cadre du Mémorandum d’accord sur la coopération globale en matière de sécurité et militaire signé en 2019 entre la Turquie et la Libye.
La proposition estime qu’il n’est pas encore possible de parvenir à un cessez-le-feu permanent en Libye ni de mettre fin au processus de dialogue politique.
Erdoğan a confirmé que les risques et les menaces pour toute la région, y compris pour la Turquie, persistent en Libye et a affirmé que si les attaques contre le gouvernement reprennent, les intérêts de la Turquie en Méditerranée et en Afrique du Nord en seraient affectés.
Dans le dernier paragraphe, le Président turc a demandé au Parlement d’approuver l’envoi de troupes turques dans des États étrangers pour y mener des opérations et des interventions afin de protéger efficacement les intérêts de la Turquie et de favoriser une politique dynamique afin d’éviter une situation qui ne pourrait se produire, ajoutant que la portée des opérations, le nombre de troupes et le temps qui leur était imparti seraient déterminés par lui.
Les militants des droits de l’homme arguent que l’utilisation du terme « États » plutôt que de « Libye » comme pays vers lequel les troupes seraient envoyées permettrait à Erdoğan d’envoyer des troupes vers n’importe quelle destination jugée nécessaire, dans le respect des intérêts de la Turquie.
Erdoğan pourrait par exemple prendre des mesures contre un autre pays dans le cadre de la nouvelle proposition, affirmant qu’il y a une violation en Méditerranée orientale de l’accord de délimitation de la frontière maritime entre la Turquie et la Libye de 2019, qui n’est reconnu par aucun pays méditerranéen.
La semaine dernière, Erdoğan a déclaré que la Grèce avait armé des îles de la mer Égée au mépris des conventions internationales, ajoutant que la Turquie pouvait intervenir et qu’elle ne plaisantait pas.
Les observateurs politiques estiment qu’avant l’élection présidentielle de l’an prochain, Erdoğan veut parvenir à quelques victoires illusoires et reconstruire une population déclinante, et que l’opération militaire transfrontalière contre les Kurdes en Syrie a été mise à l’ordre du jour le mois dernier à cet effet.
Il n’y a pas d’obstacle à l’adoption de ce projet de loi, qui devrait bientôt être à l’ordre du jour du Parlement, puisque le parti au pouvoir, dirigé par Erdoğan, et son partenaire d’extrême droite, le Parti d’action nationaliste, disposent de la majorité au Conseil législatif.
Le principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple, avait précédemment voté contre la proposition, faisant valoir qu’une force de maintien de la paix des Nations Unies devait être déployée en Libye et que la Turquie devait participer à cette force.
Et l’opposition de droite al-Saleh, qui fait partie d’une guerre « civile arabe », ne va pas bénéficier à la Turquie.
L’appui envoyé par la Turquie en Libye a été généreux, non seulement en envoyant des armes, des munitions et des drones, mais aussi en envoyant des mercenaires syriens pour combattre l’armée nationale libyenne.
Ce n’est un secret pour personne qu’en plus de soutenir le gouvernement libyen d’entente nationale proche d’Erdoğan dans une « idéologie », le président turc convoite les richesses libyennes, affirmant à maintes reprises que les ressources pétrolières et gazières libyennes sont des facteurs importants pour la Turquie.
Le gouvernement d’Erdoğan a été critiqué par des organisations internationales et régionales pour avoir violé de manière systématique et flagrante l’embargo des Nations Unies sur les armes à destination de la Libye.