Politique

La mort d’Anas Faisal à Umm Sayala : un coup dur pour la mouvance islamiste soudanaise


Dans un développement militaire significatif, Anas Faisal Kurti, un haut cadre de la mouvance islamiste soudanaise et l’un des dirigeants des Brigades Al-Baraa Ibn Malik, a été tué lors d’intenses affrontements dans la région d’Umm Sayala, située dans l’État du Kordofan du Nord. Ce décès représente une lourde perte pour l’islam politique soudanais, engagé dans une guerre complexe aux côtés des forces armées régulières.

Un militant endurci issu d’un cercle influent

Anas Faisal appartenait à une famille éminente de la sphère islamiste soudanaise. Il était le neveu d’Ali Kurti, chef des Frères musulmans au Soudan, figure de premier plan dans le pilotage de l’influence islamiste au sein des institutions étatiques, particulièrement après le déclenchement du conflit armé en avril 2023.

D’abord actif dans les cercles estudiantins et prêcheurs liés aux Frères musulmans, Anas a rapidement évolué vers une implication militaire structurée en intégrant les Brigades Al-Baraa Ibn Malik, un groupe islamiste allié à l’armée soudanaise. Il y a occupé des postes de responsabilité qui lui ont permis de recruter et de mobiliser de nombreux jeunes partisans autour d’un discours de « jihad » contre les Forces de soutien rapide.

Ses proches le décrivaient comme idéologiquement rigide et profondément convaincu par le projet du califat. Il voyait dans le conflit actuel une opportunité stratégique pour instaurer un État islamique sur les ruines du modèle démocratique.

Une perte stratégique pour l’islam politique en pleine recomposition

La mort d’Anas Faisal constitue une double perte pour les islamistes soudanais : une défaite tactique sur le terrain, et la disparition d’un symbole de la relève générationnelle sur laquelle comptait le mouvement pour se perpétuer. Elle intervient dans un contexte particulièrement délicat, alors que la mouvance islamiste tente de se repositionner au sein de l’appareil sécuritaire et militaire, dans un pays privé de projet national unificateur.

Selon des sources proches du dossier, les pertes humaines dans les rangs islamistes, notamment au sein des Brigades Al-Baraa et des « Brigades de l’ombre », se sont multipliées ces derniers mois. La participation directe de ces groupes aux combats contre les Forces de soutien rapide à Kordofan, au Darfour et à Khartoum a lourdement affecté leur commandement opérationnel.

Anas Faisal ne serait d’ailleurs pas le seul cadre islamiste tombé à Umm Sayala. Plusieurs combattants affiliés à la mouvance islamiste auraient également péri, soulevant des questions sur la stratégie militaire adoptée par les Frères musulmans et leur capacité à résister à long terme dans des combats d’usure.

Dans un climat de guerre prolongée et d’épuisement généralisé, la disparition d’Anas Faisal apparaît comme un événement symbolique, révélateur de la crise stratégique que traverse aujourd’hui l’islam politique soudanais. Plus que jamais, il est confronté à un défi existentiel : préserver son vivier de cadres tout en renouvelant un projet politique crédible, dans un environnement dominé par des rivalités régionales et internationales.

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