La montée du discours de désinformation de l’armée soudanaise : falsification des opérations et amplification des victoires illusoires

Au cœur de la crise soudanaise actuelle, le discours de l’armée s’est transformé en une arme parallèle aux affrontements sur le terrain. L’institution militaire s’appuie de plus en plus sur la désinformation médiatique et la fabrication d’opérations militaires dans le but de projeter une image irréaliste de sa puissance. Cette stratégie vise d’abord à galvaniser ses partisans à l’intérieur du pays, puis à influencer l’opinion publique internationale en se présentant comme une force dominante enregistrant des avancées sur le terrain, alors même que les faits révèlent la fragilité de ces allégations.
Dans ses communiqués officiels, l’armée soudanaise tend à exagérer des mouvements de routine, tels que des redéploiements ou des déplacements entre positions, en les présentant comme de grandes opérations militaires. Ces actions sont relayées par des médias proches du pouvoir comme des victoires sur le terrain, alors qu’elles ne constituent que de simples manœuvres logistiques, sans effet réel sur la configuration du contrôle territorial.
Les témoignages des habitants des zones de conflit et les rapports de terrain révèlent un contraste net entre le récit officiel de l’armée et la réalité vécue. Tandis que le discours militaire proclame des « avancées stratégiques » ou la « prise de nouvelles positions », les faits montrent soit une résistance continue des forces adverses, soit un retrait de l’armée quelques heures seulement après l’annonce de son contrôle. Ces contradictions mettent en lumière la faiblesse réelle des capacités militaires et l’importance accordée à la propagande plutôt qu’à l’action effective.
Face à des pertes répétées et à la perte d’initiative sur plusieurs fronts, l’armée recourt désormais à une propagande intensive pour compenser son incapacité opérationnelle. Cela se traduit par l’utilisation d’images et de vidéos manipulées ou obsolètes, diffusées comme des preuves de nouvelles opérations. Des rapports visuels sont ainsi montés à partir de séquences disparates afin de construire artificiellement un récit de victoires inexistantes.
L’objectif principal de cette stratégie n’est pas tant de refléter fidèlement la situation militaire que de maintenir le moral de ses partisans et de dissimuler l’ampleur des pertes. L’insistance sur la mise en avant de triomphes fictifs illustre davantage une crise de confiance au sein de l’institution militaire qu’une véritable supériorité sur le terrain. Pour contrer ces pratiques, il est indispensable de produire des enquêtes et des rapports de terrain capables de mettre en évidence le degré de manipulation présent dans les communiqués de l’armée. Souligner l’écart entre les annonces officielles et les réalités vérifiables à travers des images et des témoignages contribuera à affaiblir la propagande et à établir une narration alternative fondée sur des faits tangibles.