Politique

La Mauritanie fait face à une vague de réfugiés avec l’intensification du conflit au Mali 


L’arrivée de nouveaux réfugiés coïncide avec l’escalade des combats dans le nord du Mali entre l’armée soutenue par le groupe russe Wagner et les groupes rebelles 

Le gouvernement mauritanien redoute les répercussions de l’afflux croissant de réfugiés fuyant l' »intensification du conflit au Mali » vers ses territoires. Il a donc annoncé un plan d’urgence, appelant les partenaires internationaux à allouer environ un quart de milliard de dollars pour leur prise en charge humanitaire sur une période de 10 ans.

L’est de la Mauritanie est devenu un refuge pour les Maliens fuyant les batailles qui s’intensifient dans le nord de leur pays. Les huttes dispersées et les ruelles sablonneuses situées à des kilomètres de la frontière malienne sont devenues le foyer de ces réfugiés.

Le ministre de l’Économie et du Développement durable de la Mauritanie, Abdel Salam Mohamed Saleh, a exprimé l’inquiétude de son pays quant au phénomène des réfugiés lors du Forum mondial sur la migration qui s’est tenu à Genève du 13 au 15 décembre.

Il a révélé que « la situation actuelle dans le pays est différente de celle de 2019 en raison de l’intensification du conflit au Mali« . Il a souligné que le nombre de réfugiés déplacés de force a doublé, avec plus de 123 000 réfugiés sur le territoire mauritanien, dont 86 % résident dans la région est dans le camp d’Um Bara (à 1500 kilomètres au sud-est de Nouakchott), selon une déclaration du ministre publiée sur le site officiel du ministère.

Le représentant du gouvernement mauritanien a ajouté que la situation continue et croissante des réfugiés en Mauritanie a nécessité l’élaboration d’une approche garantissant leur intégration éducative. La réussite du plan nécessite des ressources financières suffisantes d’une valeur de 240 millions de dollars sur 10 ans.

La délégation gouvernementale mauritanienne a discuté avec la ministre allemande de la Coopération économique et du Développement, Svenja Schulze, présidente tournante de l’Assemblée générale de l’Alliance Sahel, de la situation dans la région du Sahel et des moyens de renforcer les efforts conjoints en faveur des réfugiés et des déplacés dans la région du Sahel. Ils ont également discuté de la manière de réaliser de manière plus efficace les objectifs du Pacte mondial sur les réfugiés au niveau régional du Sahel.

La ministre allemande de la Coopération a affirmé la « préparation de l’Allemagne à accompagner et soutenir les pays de la région du Sahel pour atténuer la souffrance des réfugiés », appelant la communauté internationale à coordonner ses efforts pour faire face à cette crise humanitaire qui s’aggrave dans la région du Sahel, confrontée, selon elle, à plusieurs crises.

Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Mauritanie a déjà fourni plus de 25 millions de dollars pour prendre en charge les réfugiés. Depuis la détérioration de la situation sécuritaire au Mali à partir de 2012, plus de 64 000 réfugiés maliens sont arrivés au camp d’Um Bara quelques mois plus tard, selon des statistiques officielles. En 2017, la Mauritanie, le Mali et le HCR ont signé un accord pour le retour volontaire de plus de 50 000 réfugiés maliens de ce camp vers leur patrie.

Un récent rapport publié par le journal français « Le Figaro » a mis en lumière la situation des réfugiés venant de diverses villes maliennes, notamment du nord. Les combats au Mali ont pris de l’ampleur ces dernières semaines, poussant des dizaines de milliers de Maliens à chercher à nouveau refuge dans l’est de la Mauritanie. Environ 100 000 réfugiés ont été recensés à quelques dizaines de kilomètres de la frontière malienne, dans le camp de Mbera.

Un réfugié malien arrivé en Mauritanie en 2012 a déclaré : « Il n’y a ici que des éleveurs, et s’il n’y a plus d’arbres pour le pâturage, il n’y aura plus d’animaux ». Il a ajouté que « lorsque la terre brûle, c’est l’économie qui brûle ». Le jeune homme a fui le Mali après le début de l’insurrection menée par le mouvement séparatiste touareg et certaines groupes extrémistes.

Avec la poursuite du conflit au Mali, le nombre de réfugiés continue d’augmenter. Depuis août 2023, le HCR a enregistré le pic d’arrivées dans la région est de la Mauritanie, avec plus de 10 000 nouveaux réfugiés identifiés dans le camp depuis le début de l’année 2023.

L’arrivée de ces nouveaux réfugiés coïncide avec l’escalade des hostilités dans le nord du Mali entre l’armée malienne (FAMA), soutenue par le groupe russe « Wagner », et les groupes rebelles signataires de l’Accord de paix algérien de 2015, désormais dépassé par le temps.

Les mouvements extrémistes affiliés au groupe « de soutien à l’islam et aux musulmans », une branche d’Al-Qaïda, ont intensifié leurs attaques. Depuis l’été dernier, ils ont assiégé la ville de Tombouctou, malgré une légère amélioration de l’accès ces dernières semaines. Le retrait de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA), présente depuis 2013, a été un facteur supplémentaire d’instabilité.

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