La Libye met en garde la Belgique contre la saisie des milliards de Kadhafi
La Libyan Investment Authority s’engage à empêcher le prince héritier de Belgique de mettre la main sur ses avoirs après qu’un jugement ait gelé 15 milliards d’euros
Les autorités libyennes ont annoncé qu’elles empêcheraient le prince héritier de Belgique, Laurent, de saisir les fonds déposés dans les banques de leur pays en compensation de l’échec de son accord avec le défunt leader Mouammar Kadhafi pour reboiser des milliers d’hectares de désert, en raison de l’implication de la Libye dans le conflit de 2011.
Cette action des autorités libyennes fait suite à la décision de la Cour d’appel belge, vendredi, confirmant le gel de 15 milliards d’euros de fonds appartenant à l’Autorité libyenne d’investissement dans la banque Euroclear à Bruxelles.
Pendant ce temps, le prince Laurent réclame une compensation allant jusqu’à 50 millions d’euros après l’échec de la réalisation du contrat qu’il avait signé en 2008 avec le ministère libyen de l’Agriculture pour reboiser des milliers d’hectares de désert, qui est resté inachevé en raison de l’implication de la Libye dans la guerre civile de 2011 qui a renversé son ancien dirigeant, Mouammar Kadhafi.
En réponse à cela, l’Autorité libyenne d’investissement a déclaré dans un communiqué samedi que la décision de la cour de Bruxelles a été rendue dans le cadre d’un appel déposé par l’Autorité dans le cadre des procédures judiciaires en cours devant la justice belge pour faire face aux tentatives du prince Laurent d’accéder à ses fonds gelés à la banque Euroclear, conformément aux résolutions du Conseil de sécurité.
Le communiqué précise en outre que la décision n’a pas pris de nouvelles mesures et a rejeté les demandes de l’Autorité, selon le même communiqué.
L’Autorité a confirmé que l’origine de ce différend réside dans les tentatives du prince Laurent d’accéder aux fonds de l’Autorité auprès de la banque Euroclear pour obtenir une prétendue indemnisation en relation avec le contrat de reboisement précédent conclu avec l’État libyen, soulignant que l’Autorité n’était pas partie à ce contrat.
Elle a révélé avoir soumis une demande au gouvernement belge concernant l’illégitimité de toutes les mesures prises à l’encontre de ses actifs en Belgique, et conformément à l’accord de promotion de l’investissement signé entre la Libye, la Belgique et le Luxembourg en 2004, ce différend devrait être résolu par la négociation entre les deux parties dans un délai de 6 mois.
Sur cette base, l’Autorité a précisé qu’elle attend toujours la réponse du gouvernement belge, et après l’expiration de ce délai, un recours sera engagé devant l’arbitrage international pour résoudre ce différend.
Elle a également affirmé au prince Laurent qu’il est impossible pour lui d’accéder à ses fonds déposés auprès de la banque Euroclear et qu’elle ne ménagera aucun effort pour l’empêcher de faire des tentatives illégitimes dans cette affaire, étant donné que l’Autorité est responsable de la préservation de ces actifs au profit du peuple libyen.
Les autorités belges avaient précédemment gelé les comptes financiers appartenant à Kadhafi dans leurs banques après sa mort en 2011, en réponse à une résolution des Nations Unies, d’une valeur de plus de 15 milliards d’euros, dont la majorité est détenue par Euroclear.
Les milliards de dollars de Kadhafi en Belgique ont suscité une controverse généralisée en 2018 après la révélation de la disparition de plus de 5 milliards de dollars des comptes qui lui étaient destinés dans les banques belges.
Depuis des années, les gouvernements libyens se battent pour récupérer les actifs gelés du pays dans plusieurs pays en vertu de la résolution 1973 adoptée par le Conseil de sécurité en mars 2011, dans le cadre des sanctions imposées au régime de Mouammar Kadhafi lors de la révolution qui l’a renversé cette année-là.
Récemment, le gouvernement d’unité nationale libyen a créé le « Bureau de récupération des actifs de l’État et de gestion des actifs récupérés » pour examiner le dossier avec plusieurs pays après avoir identifié des réclamations juridiques déposées par certains pays et individus cherchant à saisir ces fonds sous prétexte de compensations pour des investissements interrompus en Libye en raison des conditions de guerre.
Bien qu’il n’existe aucun chiffre officiel concernant la taille de ces fonds, des responsables libyens estiment leur valeur à 200 milliards de dollars répartis entre de nombreux pays européens sous forme d’actifs fixes, de dépôts, d’actions, d’obligations financières et d’investissements tangibles.
Le 16 décembre 2022, le représentant permanent de la Libye auprès des Nations Unies, Taher Al-Sunni, a mis en garde certains pays non nommés devant le Conseil de sécurité, déclarant : « Nous réitérons notre miseen garde à certains pays (non nommés) qui tentent de saisir ou de prendre le contrôle des fonds et des actifs libyens gelés. »