La justice tunisienne prolonge la détention du leader des Frères musulmans Ali Larayedh… Quelles sont les détails ?
Alors que la Tunisie se rapproche de la divulgation des dossiers des Tunisiens ayant rejoint les fronts de combat en Syrie sous le règne du Mouvement Ennahdha affilié aux Frères musulmans, dans un contexte de rapprochement entre la Tunisie et Damas, la justice tunisienne poursuit son enquête sur les dirigeants des Frères musulmans concernant leur implication dans la facilitation du voyage de djihadistes vers les zones de conflit.
Pendant ce temps, un juge de lutte contre le terrorisme en Tunisie a décidé mercredi de prolonger la détention de l’ancien Premier ministre et membre des Frères musulmans, Ali Larayedh, de (4) mois supplémentaires. Cette décision intervient quelques heures après son interrogatoire dans une affaire liée à la facilitation du voyage de terroristes en Syrie.
Il est à noter qu’un juge d’instruction avait émis un mandat de dépôt contre Larayedh le 19 décembre 2022, après l’avoir interrogé dans le cadre d’enquêtes liées aux réseaux de voyage. En juin de l’année précédente, le juge d’instruction avait décidé de prolonger la détention provisoire de Larayedh de (4) mois supplémentaires, et à son expiration, le juge d’instruction a décidé de la prolonger une fois de plus.
À l’époque, le mouvement islamique avait nié tout lien entre Larayedh et le dossier des voyages, soulignant que son « implication » dans l’affaire était une tentative des autorités politiques de masquer ce qu’il appelait l' »échec abyssal » du premier tour des élections législatives tunisiennes.
Ali Larayedh est considéré comme l’un des leaders les plus éminents des Frères musulmans en Tunisie. Il a été ministre de l’Intérieur de 2011 à 2013, puis Premier ministre de la Tunisie de 2013 à 2014, une période au cours de laquelle les réseaux de voyage sont devenus actifs et le nombre d’extrémistes a augmenté.
Les sources tunisiennes estiment qu’environ (6 000) Tunisiens ont été envoyés pour rejoindre des groupes terroristes, dont l’État islamique (EI).
Des sources de sécurité ont précédemment mentionné l’émission d’un rapport de réservation lié à la préparation de (245) passeports destinés à être distribués aux terroristes dans le but de voyager en Syrie pour participer à des opérations terroristes pendant cette période.
Les mêmes sources ont confirmé qu’avec la facilitation du dirigeant des Frères musulmans, Rached Ghannouchi, ainsi que du membre des Frères musulmans Hamadi Jebali (ancien Premier ministre) et d’Ali Larayedh, (2850) jeunes Tunisiens ont été envoyés en Syrie pour combattre aux côtés de l’organisation terroriste ISIS.
Les agences de sécurité tunisiennes enquêtent sur plusieurs dirigeants des Frères musulmans dans le dossier de l’envoi de djihadistes vers les zones de conflit, notamment Ghannouchi, qui est également accusé dans d’autres affaires, notamment la suspicion de « blanchiment d’argent » liée à l’Association de développement (Ennahdha), l’attaque contre la sécurité de l’État et le dossier des assassinats politiques.
En août 2022, Ghannouchi a été interrogé pour incitation contre les services de sécurité et insulte aux institutions de l’État après avoir été qualifié de « tyran » par les agents de sécurité lors de son hommage au dirigeant du Mouvement Ennahdha, Farhat Al-Abar, décédé en février de l’année précédente.
Les autorités tunisiennes ont annoncé en juin 2022 que la justice antiterroriste avait gelé les avoirs financiers et les comptes bancaires de (10) personnes, dont Ghannouchi et l’ancien Premier ministre Hamadi Jebali.
La justice tunisienne a également interdit à Ghannouchi de voyager à la fin de juin 2022, dans le cadre de l’enquête sur les assassinats politiques des figures de l’opposition Chokri Belaid et Mohamed Brahmi en 2013, pour lesquels le service secret du Mouvement Ennahdha est accusé.