La guerre d’al-Burhan réveille les mouvements rebelles au Soudan
La situation au Soudan est en train de s’aggraver et la guerre s’étend à des mouvements rebelles armés et à des dizaines de milliers de combattants, profitant de la division que l’armée soudanaise a déclenchée, d’abord par un coup d’État contre les partenaires civils au pouvoir, pour pousser les forces d’appui rapide du général de corps d’armée Mohammed Hamdan Dogolo (Hemeti), partenaire du Conseil de souveraineté provisoire, à une confrontation militaire qu’ils ne souhaitaient pas et qui a été forcée d’entrer après qu’ils aient été reconnus comme étant dominants par des chefs frères de l’armée et que les vestiges de l’ancien régime ont regagné les cercles de l’État et des forces armées.
Dans un scénario que les forces soudanaises avaient averti de longue date, des habitants de l’État du Kordofan méridional ont déclaré que le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N) avait rassemblé ses forces aujourd’hui jeudi, ce qui a suscité des craintes quant à la propagation du conflit interne dans les régions du sud du pays.
Le mouvement rebelle, dirigé par Abdelaziz al-Hilu, compte quelques dizaines de milliers d’hommes et des armes lourdes. Les habitants de Khartoum ont indiqué qu’ils n’avaient pas encore clairement pris position dans le conflit qui a éclaté le 15 avril à Khartoum entre l’armée et les Forces de soutien rapide, mais que leur mobilisation a fait craindre des affrontements.
Ils ont ajouté que les forces du Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-Nord), qui opéraient principalement dans les États du Nil Bleu et du Kordofan méridional, avaient pénétré dans plusieurs camps militaires autour de Kaduqli, capitale du Kordofan méridional, ce qui avait poussé l’armée à renforcer ses positions.
Ils ont indiqué que les forces d’appui rapide avaient fermé la route entre Kadugli et El-Obeid, au nord. Au cours des derniers mois, il y a eu des accrochages entre le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (SPLM-N) et les Forces de soutien.
Dans la capitale de Khartoum, où les combats sont concentrés, des habitants ont parlé de combats sporadiques et de frappes aériennes jeudi. Au sud de Khartoum, des affrontements ont eu lieu autour d’un complexe militaire comprenant des usines d’armement que l’armée cherche à récupérer contre ses opposants paramilitaires.
La guerre a provoqué une grave crise humanitaire qui menace de déstabiliser la région. Plus de 1,4 million de personnes ont été déplacées au Soudan et 476 800 ont fui vers les pays voisins.
En dehors de la capitale, des troubles éclatent dans la région du Darfour, au Soudan occidental, qui a déjà du mal à se remettre des effets du conflit et des déplacements de populations qui ont duré deux décennies.
A Geneina, dans le Darfour-Ouest, la ville la plus touchée par la violence ces derniers temps, un avocat qui s’occupait des personnes déplacées et huit membres de sa famille ont été tués lors d’une attaque contre leur domicile cette semaine, selon un groupe de surveillance du conflit, l’Association du barreau du Darfour.
Un groupe médical a indiqué qu’une nouvelle vague d’attaques avait commencé mercredi dans la ville où les communications étaient interrompues depuis plusieurs semaines.
Les combats à Khartoum et dans les villes voisines de Bahri et d’Omdurman se sont intensifiés depuis la fin officielle d’un cessez-le-feu de 12 jours entre l’armée et les forces de soutien rapide le 3 juin.
Le cessez-le-feu négocié par l’Arabie saoudite et les États-Unis lors des pourparlers de Djeddah a été violé à plusieurs reprises, mais a permis d’acheminer des quantités limitées d’aide humanitaire.
Les médiateurs de Reuters ont déclaré qu’une proposition avait été faite lors de consultations indirectes à Djeddah en vue de conclure une trêve de 24 heures qui serait surveillée plus attentivement que l’armistice précédent.
Un porte-parole du Département d’Etat américain a déclaré mercredi que les pourparlers de Djeddah n’avaient pas repris officiellement, mais que Washington maintenait des « contacts étroits » avec les deux parties.
Le conflit au Soudan a fait obstacle à la transition vers un régime civil après quatre années d’un soulèvement populaire qui a renversé le président Omar al-Bashir après trois décennies de régime autoritaire.
Le Gouvernement soudanais a annoncé jeudi que l’envoyé allemand de l’ONU, Volker Peretz, qui a assumé la responsabilité de la guerre en cours depuis des semaines, était indésirable dans le pays.
Dans une déclaration, le Ministère des affaires étrangères du Soudan a déclaré que « le Gouvernement de la République du Soudan a notifié au Secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies, António Guterres, que Perthes avait été déclaré persona non grata à la date d’aujourd’hui ».
L’ONU avait annoncé dans un tweet que l’envoyé spécial se rendait jeudi à Addis-Abeba en Éthiopie pour une série de pourparlers diplomatiques.
Al-Burhan a été faite qu’il demandait le renvoi du grand diplomate et l’accusait d’être responsable de la guerre.
Dans une lettre adressée aux Nations Unies, al-Burhan a spécifiquement accusé Peretz de « cacher » la situation potentiellement explosive à Khartoum avant le déclenchement des combats, dans ses rapports.
Volker Peretz était à New York au moment où il lança son message accusateur. Les autorités soudanaises n’ont pas accordé de visa aux étrangers depuis le début du conflit.
Guterres a alors affirmé qu’il avait « pleinement confiance » dans son envoyé.
Mais début juin, le Conseil de sécurité de l’ONU a prolongé de six mois la « Mission intégrée de soutien transitoire des Nations Unies au Soudan » (UNITAMS), dirigée par Peretz.
Cette mission a été créée en juin 2020 pour soutenir la transition démocratique au Soudan un an après la chute du président Omar al-Bashir. La mission a été prorogée chaque année pour une période d’un an.