La France met en garde contre une recrudescence terroriste et salue le rôle du Maroc dans l’échec d’attentats
Les déclarations du directeur du renseignement extérieur français confirment que Paris reconnaît que la lutte contre le terrorisme n’est plus liée uniquement à la géographie ou à la puissance militaire, mais exige des réseaux de coopération transfrontaliers, un domaine où le Maroc s’impose avec efficacité et influence.
Dans des propos chargés de signification politique et sécuritaire, le directeur général de la sécurité extérieure (DGSE), Nicolas Lerner, a averti que la menace terroriste « demeure extrêmement élevée », soulignant qu’elle traverse actuellement « une phase de forte mutation » qui recompose le paysage djihadiste mondial. Il a insisté sur l’importance de la coopération et du rôle du Maroc dans le soutien aux efforts internationaux visant à combattre ce fléau qui mine la sécurité régionale et mondiale.
Les déclarations de Lerner, publiées par le quotidien français Le Figaro, arrivent à un moment sensible marqué par une montée des inquiétudes européennes concernant la résurgence de l’activité terroriste dans plusieurs régions, alors que la nécessité d’une coopération avancée avec les pays du voisinage sud, au premier rang desquels le Maroc, devient de plus en plus pressante. Le royaume est désormais considéré comme un modèle régional en matière de lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée.
Dans ce contexte, le haut responsable français a salué la grande compétence des services de sécurité marocains, les qualifiant de partenaire essentiel et efficace dans la lutte contre le terrorisme en Afrique et au-delà. Il a déclaré : « Nous surveillons ces évolutions avec vigilance aux côtés de nos partenaires, en particulier les services marocains, que nous considérons comme un partenaire précieux et indispensable dans la lutte contre le terrorisme. »
Cette reconnaissance reflète la profondeur de la coopération sécuritaire et renseignement entre Rabat et Paris, une coopération qui, selon des sources occidentales, a permis de déjouer de dangereux projets terroristes visant plusieurs capitales européennes. Les observateurs s’accordent à dire que l’approche marocaine — fondée sur la prévention sécuritaire, la réforme religieuse et les politiques sociales — est devenue un modèle international après avoir permis de démanteler des centaines de cellules terroristes au Maroc et dans des pays partenaires grâce à l’échange d’informations précises et au travail opérationnel conjoint.
Cette coopération demeure un pilier fondamental des relations maroco-françaises, malgré la période de tensions politiques qu’ont traversée les deux pays avant l’amélioration récente des relations, notamment après la reconnaissance par la France de la souveraineté marocaine sur le Sahara et la résolution de dossiers en suspens. Durant cette phase de tension, la coordination sécuritaire et les échanges de renseignements sont restés un domaine protégé en raison de l’efficacité démontrée par les services marocains dans la prévention d’attentats potentiellement meurtriers visant des villes en France, en Espagne et en Belgique.
Évolutions de la nature des menaces
Lerner a expliqué que la menace terroriste évolue selon « des cycles récurrents », les organisations cherchant à se repositionner hors d’Europe et à établir des sanctuaires régionaux servant de plateformes pour exporter de futures opérations vers l’Occident.
Il a précisé que trois zones concentrent désormais l’attention des services de renseignement français : la Syrie, la région afghano-pakistanaise et l’Afrique, insistant sur la nécessité d’une action coordonnée pour empêcher ces groupes de consolider des bases stables leur permettant de reconstituer des réseaux de « commandos » dirigés contre l’Europe.
Selon lui, si la menace d’opérations majeures a relativement diminué par rapport aux années précédentes, la menace intérieure est aujourd’hui la plus prégnante et apparaît sous deux formes : la menace « activée », incarnée par des groupes comme Daech-Khorasan, responsable de l’attaque de Moscou en mars 2024 ; et la menace « inspirée », liée à des individus influencés par la propagande djihadiste sans lien organisationnel direct.
Lerner a affirmé que ces individus représentent aujourd’hui le noyau principal de la menace en France, en particulier parmi les jeunes vulnérables ou marginalisés qui trouvent dans l’extrémisme une échappatoire psychologique ou une identité alternative.
Malgré l’affaiblissement des structures centrales d’Al-Qaïda et de Daech, Lerner estime que la menace ne s’est pas dissipée, mais est devenue plus complexe, avec une autonomie accrue des filiales régionales agissant selon des dynamiques locales.
Dans ce cadre, il a considéré que le retrait des forces françaises du Sahel a créé un vide sécuritaire dangereux ayant permis aux groupes djihadistes de reprendre leurs activités au Mali, au Burkina Faso et au Niger, ce qui menace la stabilité de la région, même si le risque direct pour la France « reste encore limité ».
Il a également évoqué un phénomène nouveau : le déplacement de combattants maghrébins francophones vers d’autres zones de conflit, notamment en Somalie, où « quelques dizaines » auraient rejoint le mouvement Al-Shabab affilié à Al-Qaïda, un signe supplémentaire du caractère transnational croissant de la menace.
Les propos de Lerner interviennent dans un contexte délicat marqué par une hausse du niveau d’alerte sécuritaire en France à l’approche des élections européennes, ainsi qu’une crainte grandissante de voir les groupes extrémistes exploiter les tensions au Moyen-Orient et au Sahel pour recruter de nouveaux adeptes.
Des analystes estiment que son éloge explicite du partenariat marocain constitue un message double : d’une part une reconnaissance officielle de l’efficacité de l’approche sécuritaire du Maroc, et d’autre part un appel à renforcer la coopération régionale pour contrer des menaces en constante mutation dépassant les frontières.
Grâce à sa stratégie multidimensionnelle — combinant dissuasion sécuritaire, réforme religieuse et développement social dans les zones vulnérables — le Maroc est aujourd’hui considéré comme un partenaire incontournable pour la sécurité européenne et africaine.
Les déclarations de Lerner confirment que Paris sait désormais que la lutte contre le terrorisme ne dépend plus de facteurs géographiques ou militaires seuls, mais repose sur des réseaux de renseignement transnationaux, un domaine où le rôle du Maroc s’impose avec force et efficacité.
