Politique

La conférence de l’ONU sur la solution à deux États se tient sans les États-Unis ni Israël


Des dizaines de ministres se réunissent lundi à l’ONU pour une conférence longtemps reportée visant à relancer les efforts en faveur d’une solution à deux États entre Israël et les Palestiniens. Cependant, les États-Unis et Israël ont annoncé leur boycott de la réunion.

L’Assemblée générale des Nations unies, qui compte 193 membres, avait décidé en septembre dernier d’organiser cette conférence en 2025. Celle-ci, coorganisée par la France et l’Arabie saoudite, avait été reportée en juin après l’attaque israélienne contre l’Iran.

La conférence a pour objectif de définir des critères clairs pour une feuille de route menant à la création d’un État palestinien, tout en garantissant la sécurité d’Israël.

Dans un entretien publié dimanche par La Tribune Dimanche, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a déclaré qu’il utiliserait cette conférence pour appeler d’autres pays à rejoindre la France dans la reconnaissance d’un État palestinien.

Le président Emmanuel Macron a d’ailleurs annoncé la semaine dernière son intention de reconnaître officiellement l’État de Palestine en septembre, lors de l’Assemblée générale annuelle des Nations unies.

« Nous lancerons un appel depuis New York pour inciter d’autres États à s’engager avec nous dans une démarche plus ambitieuse et résolue, qui culminera le 21 septembre », a déclaré Barrot, ajoutant qu’il s’attend à ce que les pays arabes condamnent explicitement le Hamas et appellent à son désarmement.

La conférence intervient alors que la guerre entre Israël et le Hamas fait rage dans la bande de Gaza depuis 22 mois.

Un porte-parole du Département d’État américain a indiqué que les États-Unis ne participeraient pas à la conférence, la qualifiant de « cadeau au Hamas, qui continue de rejeter les propositions de cessez-le-feu acceptées par Israël et qui permettraient la libération des otages et un retour au calme à Gaza ».

Le porte-parole a précisé que Washington avait voté contre l’organisation de cette conférence l’année dernière, et qu’il « ne soutiendra aucune initiative susceptible de compromettre les perspectives d’un règlement pacifique durable du conflit ».

De son côté, Jonathan Harounoff, porte-parole international de la mission israélienne auprès de l’ONU, a affirmé qu’Israël ne participerait pas à une conférence « qui ne traite pas en priorité de la condamnation du Hamas et du retour immédiat de tous les otages ».

L’ONU soutient depuis longtemps la vision de deux États vivant côte à côte dans des frontières sûres et reconnues. Les Palestiniens réclament un État en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et dans la bande de Gaza, territoires occupés par Israël lors de la guerre de 1967.

En mai dernier, l’Assemblée générale a largement soutenu une initiative palestinienne visant à reconnaître la Palestine comme éligible à l’adhésion complète à l’ONU, appelant le Conseil de sécurité à « reconsidérer favorablement » cette demande. La résolution avait été adoptée par 143 voix contre 9.

Pendant ce temps, la guerre israélienne contre Gaza se poursuit, sans progrès dans les négociations. Le président américain Donald Trump a déclaré dimanche qu’il revenait à Israël de décider des prochaines étapes, après son retrait des pourparlers sur un cessez-le-feu et la libération des otages.

Trump a souligné l’importance de la libération des otages détenus à Gaza, affirmant que le Hamas affichait désormais une position « dure » sur ce sujet. Il a promis davantage d’aide pour le territoire ravagé par la guerre.

Lors d’une rencontre avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen à son complexe de golf de Turnberry, en Écosse, Trump a déclaré : « Ils ne veulent pas les rendre, alors Israël devra prendre une décision. »

« Je sais ce que je ferais, mais je ne pense pas qu’il soit approprié de le dire », a-t-il ajouté. Il a également affirmé, sans preuve, que des membres du Hamas volaient la nourriture envoyée à Gaza pour la revendre.

Le ministère de la Santé à Gaza, contrôlé par le Hamas, a rapporté que des dizaines de personnes sont mortes de malnutrition ces dernières semaines. Six décès supplémentaires ont été enregistrés ces dernières 24 heures, portant le total à 133 victimes de la faim, dont 87 enfants.

Vendredi, Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ont semblé abandonner les négociations avec le Hamas, affirmant que le groupe ne cherchait pas réellement un accord.

Netanyahou a déclaré qu’Israël envisage désormais des « alternatives » pour atteindre ses objectifs : ramener les otages et mettre fin au règne du Hamas à Gaza, où la famine s’aggrave et où la majorité de la population est déplacée au milieu d’une destruction massive.

Trump a affirmé que les dirigeants du Hamas seraient désormais traqués. « Le Hamas ne voulait pas vraiment d’un accord. Je crois qu’ils recherchent la mort. C’est tragique. Il faudra aller jusqu’au bout. »

Il a également annoncé que les États-Unis allaient accroître leur aide humanitaire à Gaza, tout en appelant d’autres pays à contribuer. « Nous donnons énormément d’argent, de nourriture, de tout… Sans nous, les gens seraient réellement morts de faim », a-t-il déclaré.

Critiquant en particulier l’Europe, Trump a ajouté : « Aucune autre nation n’a donné quoi que ce soit. Personne n’a dit “merci”. Ce serait bien, au moins, d’entendre un mot de gratitude. »

Afficher plus

Articles similaires

Bouton retour en haut de la page