Politique

La chute d’un avion du Félin d’Afrique enflamme le nord du Mali : vers un scénario de guerre ?


La chute d’un avion de chasse appartenant à l’alliance militaire entre l’armée malienne et le Félin d’Afrique (nouveau nom du groupe Wagner) a ravivé les craintes d’un retour à un conflit ouvert au Mali.

Selon des experts, cet incident pourrait marquer un tournant dangereux dans le conflit latent au nord du Mali, ouvrant la voie à un élargissement possible des affrontements au-delà de la région de l’Azawad.

Dans un contexte de vide sécuritaire et de rivalités internationales instables, cet événement pourrait dépasser la simple dimension militaire et remettre en question la légitimité des partenariats sécuritaires ainsi que la cohésion interne du régime malien.

Alors qu’un calme précaire règne sur le nord du pays, la revendication par le Front de Libération de l’Azawad (FLA) de la destruction de l’appareil a provoqué un débat houleux. Les autorités de Bamako ont rapidement minimisé l’incident, évoquant de mauvaises conditions météorologiques pour expliquer la chute de l’avion.

Mais les propos de Mohamed El-Mouloud Ramadan, porte-parole du FLA, ont été catégoriques : « Nous confirmons que l’avion a été abattu par nos combattants. Il a été visé avec précision, ce qui a entraîné sa destruction près de l’aéroport de Gao. »

De son côté, le Dr. Adama Kanté, directeur du Centre d’études stratégiques et sécuritaires à l’Université de Ségou, a déclaré : « Le conseil militaire malien est conscient que tout affaiblissement de sa suprématie aérienne ou capacité de dissuasion pourrait être exploité par ses adversaires régionaux et internationaux. ».
Il ajoute : « Attribuer l’incident à des facteurs météorologiques est donc une manœuvre stratégique pour éviter la panique et protéger les efforts de reconstruction de l’armée nationale. »

Pour Kanté, la priorité n’est pas d’identifier les responsables, mais de préserver la stabilité intérieure. Il note que les groupes rebelles cherchent naturellement à gagner la bataille médiatique, mais que le plus important reste la capacité de l’État à maintenir l’ordre, ce qui, selon lui, se concrétise dans plusieurs zones.

Escalade symbolique ou début d’un conflit ouvert ?

Rémy Laborde, professeur de relations internationales à Sciences Po Paris, explique : « Même si l’hypothèse d’un tir avéré se confirme, cela ne représente pas un tournant militaire stratégique mais un acte symbolique, destiné à montrer que la rébellion est toujours vivante. »

Il insiste sur le discours prudent des autorités maliennes, qui cherchent à éviter un effet de démoralisation, notamment parce que le Félin d’Afrique est aujourd’hui un pilier de la coopération sécuritaire du Mali.

Craintes d’une extension du conflit

Des analystes craignent que si la version du tir hostile est confirmée, cela élargisse le champ du conflit au-delà de l’Azawad, d’autant plus que le retrait progressif de certaines forces de l’ONU et le manque de coordination régionale, notamment avec le Niger et le Burkina Faso, accentuent les tensions.

Certains redoutent également que les adversaires du régime malien utilisent cet incident pour délégitimer le partenariat avec le Félin d’Afrique, ce qui a poussé le gouvernement à réagir rapidement par une stratégie de communication visant à en minimiser les conséquences psychologiques.

Qu’il s’agisse d’un accident technique ou d’un tir ciblé, l’événement marque une escalade préoccupante de l’instabilité dans le nord du Mali, ravivant les interrogations sur l’avenir de la sécurité dans cette région troublée. Bien que le gouvernement affirme garder le contrôle, toutes les parties se préparent à une nouvelle phase de confrontation, qui pourrait déborder de l’Azawad.

L’appareil, un chasseur russe de type Sukhoï, s’est écrasé près de la piste de l’aéroport de Gao, prenant feu à l’impact. Les deux pilotes russes ont survécu.

Des habitants ont été sollicités pour aider à transporter les débris de l’avion. Des images montrent des hommes armés du Félin d’Afrique sécurisant la zone autour de l’épave.

Alors que l’armée malienne continue d’affirmer qu’elle contrôle l’ensemble du territoire, un communiqué du FLA évoque une offensive de grande ampleur dans le nord et le début d’une nouvelle phase d’opérations militaires.

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