Grand Maghreb

La carte de la rébellion de Marzouki : un pont désespéré pour le retour des Frères musulmans en Tunisie


Par des appels qui dissimulent leur venin sous une apparence séduisante, et dont l’essence vise à ouvrir la voie au retour des Frères musulmans en Tunisie, l’ancien président tunisien Moncef Marzouki tisse la trame d’un complot destiné à faire revenir le pays à la situation d’avant 2021.

Un complot visant à renverser le régime en place à travers une « feuille de route » réclamant le rétablissement de la Constitution des Frères musulmans et rejetant toute tentative de compromis autour de la Constitution de 2022, qui a marqué une rupture historique en éradiquant leur influence.

Cette « feuille de route », annoncée quelques jours seulement après la condamnation de Marzouki, de son ancien chef de cabinet Imed Daimi et de l’ex-ministre Abdelrazak Kilani pour des attaques verbales contre l’État et la magistrature, a été perçue par les observateurs comme une tentative de rébellion contre les verdicts prononcés.

Dans un communiqué publié vendredi, Marzouki a appelé à établir ce qu’il a qualifié de feuille de route pour : « renverser le régime, traduire en justice le président Kaïs Saïed, libérer tous les prisonniers politiques, rétablir la Constitution de 2014 (celle des Frères musulmans) et refuser tout compromis avec les mouvements qui veulent maintenir la Constitution de 2022. »

Il a également proposé de former un « gouvernement d’union nationale, composé de hautes compétences politiques et technocratiques, stable pour au moins cinq ans, afin de freiner l’endettement, la pauvreté, remettre l’économie sur les rails et ouvrir la voie à l’investissement et au travail », selon ses propos.

En mars 2024, Marzouki, allié notoire des Frères musulmans, a déposé une plainte contre des magistrats tunisiens auprès d’organismes internationaux, révélant une liste de 45 juges prétendument identifiés à travers une enquête, dans une démarche que les analystes estiment destinée à influencer les procès en cours visant les dirigeants du mouvement Ennahdha.

Une stratégie désespérée des Frères musulmans

Le politologue tunisien Mongi Srarfi a déclaré que l’appel de Marzouki constitue un acte clair d’insubordination et une tentative manifeste de coup d’État, visant à comploter contre la sécurité nationale.

Il a souligné que ces appels « s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie désespérée des Frères musulmans pour mobiliser la rue après avoir été rejetés par la population », ajoutant que Marzouki, arrivé par hasard au palais de Carthage, continue de rêver de reprendre le pouvoir.

Marzouki avait dirigé la Tunisie immédiatement après la révolution de 2011, accédant à la présidence non pas par élection directe, mais par un consensus avec le mouvement Ennahdha, lors de la période de la Troïka (2011–2013).

Selon Srarfi, Marzouki a essuyé une défaite retentissante lors des élections présidentielles de 2019, après quoi il avait annoncé son retrait de la vie politique. « Mais son obsession pour le pouvoir et son désir de revenir sur le devant de la scène n’ont fait qu’amplifier ses ambitions. »

Marzouki avait déjà critiqué ouvertement la Tunisie sur les plateaux télévisés français après les mesures du 25 juillet 2021 ayant mis fin au pouvoir des Frères musulmans. En octobre 2021, il a été condamné par contumace à quatre ans de prison et à la révocation de son passeport diplomatique — une affaire qui a provoqué une grande indignation en Tunisie.

Il avait exercé la présidence par intérim entre 2012 et 2014 à la suite d’un consensus entre les forces constituantes de l’Assemblée nationale constituante, avant d’échouer lors de la première élection présidentielle directe en 2014.

 

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