Grand Maghreb

La branche des Frères musulmans tunisiens en exil… une politique sans rue ni légitimité


Dans leurs dernières tentatives organisationnelles pour réorganiser leurs rangs après leur retrait de la scène politique tunisienne, un rapport a révélé une initiative politique lancée par des dirigeants affiliés aux Frères musulmans à Paris, visant à créer ce qu’ils ont appelé la « Front politique pour résister au gouvernement du président Kaïs Saïed ». Les observateurs considèrent cette démarche comme dépourvue de légitimité populaire et intérieure, reflétant une crise profonde de leadership au sein du mouvement.

Le rapport indique que la réunion, réunissant des personnalités alliées aux Frères musulmans, dont l’ancien chef du gouvernement tunisien Hichem Mechichi, a évoqué l’usage de slogans tels que « sauvetage » et « défense des droits ». Cependant, ses points révèlent un objectif principal : tenter de restaurer l’influence politique du mouvement après des années de déclin interne, en mettant particulièrement l’accent sur la libération des figures associées aux Frères musulmans détenues dans le cadre d’affaires judiciaires liées à la conspiration et à l’implication dans des dossiers menaçant la sécurité nationale.

Une source citée dans le rapport a souligné que cette initiative, décrite comme une tentative des « Frères » de contourner la réalité politique actuelle en Tunisie, se déroule depuis l’exil, sans interaction directe avec la population tunisienne, ce qui soulève des questions quant à savoir si le mouvement a abandonné sa base populaire ou l’a perdue après des années de gestion inefficace de la crise politique et économique dans le pays.

Les observateurs estiment que le recours des Frères à la création d’un tel front depuis l’étranger traduit clairement une stratégie de contournement visant à esquiver l’interdiction politique intérieure plutôt qu’à affronter les conséquences de leur échec au pouvoir ou à s’adapter à la nouvelle réalité démocratique en Tunisie.

Au cours des années passées, le mouvement Ennahdha et ses fronts politiques ont suscité de vives critiques en raison d’accusations de corruption, de conspiration et d’affaiblissement des institutions de l’État, des accusations qui continuent de dominer le discours politique dans le pays.

Le politologue tunisien Khaled Al-Taweel souligne que de telles initiatives ne possèdent pas de véritables racines populaires en Tunisie et reflètent, en même temps, la persistance des Frères à chercher à exporter leur idéologie politique depuis l’étranger, affaiblissant ainsi leurs chances de regagner la confiance des Tunisiens ayant souffert des conséquences de leur long règne marqué par des échecs de gestion et des crises économiques et sociales.

Cette démarche extérieure est également perçue comme faisant partie d’une stratégie de contournement plus large des Frères musulmans, qui ont tenté par le passé de former des fronts d’opposition et diverses structures politiques afin de reconstituer leur présence politique, que ce soit par des manifestations ou des façades partisanes. Cependant, ces mouvements ont souvent échoué à mobiliser un soutien populaire significatif ou à obtenir un impact politique réel à l’intérieur du pays.

Cette initiative confirme que les Frères musulmans tunisiens cherchent toujours à revenir sur la scène politique. Toutefois, l’absence de légitimité populaire et la dépendance à des plateformes étrangères reflètent clairement une crise de confiance au sein de la société, faisant de ce front extérieur un projet dépourvu de fondement solide et révélant, dans son essence, une stratégie de contournement plutôt qu’un véritable projet politique.

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