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Krystyna Skarbek : L’espionne qui a dompté l’horreur, gagné l’admiration de Churchill, avant de périr aux mains d’un amant


Elle a survécu à trois fronts différents pendant la Seconde Guerre mondiale, mais a perdu la vie en plein jour à cause d’un amant fou.

C’est Krystyna Skarbek, qui a croisé Ian Fleming, l’écrivain et journaliste britannique, célèbre pour avoir écrit la série de romans James Bond, ce qui a conduit certains à la surnommer la « fille de James Bond ».

Cependant, le surnom de « fille de James Bond » n’était pas le seul que Krystyna ait reçu. Elle fut la première espionne polonaise à travailler pour le Royaume-Uni pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945) et fut surnommée la « favorite de Winston Churchill, Premier ministre britannique ». Pendant ses missions, elle utilisa plusieurs noms, dont « Krystyna Skarbek « , « Krystyna Granville » et « Pauline Arman ».

Naissance et enfance

Maria Krystyna Janina Skarbek est née en mai 1908, dans une famille aristocratique polonaise. Son père était comte, et sa mère était héritière d’une famille bancaire juive.
Dans ce cadre familial, Krystyna vécut une enfance luxueuse et apprit l’anglais et le français. Cependant, cette situation ne dura pas longtemps. Après la mort de son père en 1930, la famille fit face à de graves difficultés financières. Krystyna chercha alors du travail et rejoignit une succursale de Fiat à Varsovie, mais dut quitter en raison de problèmes de santé, ayant développé des taches sur ses poumons.

Lors de son séjour thérapeutique dans les montagnes polonaises, Krystyna forma un réseau avec des contrebandiers de cigarettes et d’alcool et participa à quelques petites missions de contrebande. Ces activités lui permirent d’acquérir une grande connaissance des cachettes et des itinéraires secrets à travers les montagnes.

L’espionne
En septembre 1939, Krystyna se trouvait avec son deuxième mari, un diplomate polonais, en Afrique du Sud lorsqu’ils apprirent l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie. Ils se rendirent rapidement au Royaume-Uni pour contribuer à l’effort de guerre.


Tandis que son mari rejoignait les forces alliées en France, Krystyna avait d’autres projets. Elle approcha les services secrets britanniques, impressionnant par son intelligence et son enthousiasme. Elle proposa d’ouvrir un nouveau front contre les Allemands en Pologne et en Hongrie. Sa première mission consistait à traverser les Carpates en ski pour recueillir des informations en Pologne occupée. Son idée séduisit les chefs des services de renseignement britanniques, et elle fut rapidement recrutée comme la première espionne féminine pour le MI6.

Une légende

Durant les années suivantes, Krystyna devint une figure légendaire au sein de la communauté du renseignement. Elle parlait plusieurs langues et savait comment se faufiler sous le nez des Allemands. Pendant son service en Hongrie, en Égypte et en France, elle mena de nombreuses missions, franchissant des frontières, se cachant parfois dans des coffres de voiture et s’enfuyant à d’autres moments sous les tirs de mitrailleuses. Elle était souvent accompagnée de l’un de ses nombreux amants.

Dans une mission, elle reçut un microfilm montrant des troupes allemandes se préparant à une attaque imminente à la frontière soviétique. Ce film fut transmis à Winston Churchill, qui la qualifia, selon sa fille Sarah, de « son agente préférée ».

Elle fut capturée et interrogée deux fois par les Allemands, mais réussit à s’échapper à chaque fois, allant même jusqu’à mordre sa langue pour faire croire qu’elle souffrait de tuberculose.

Lorsqu’elle apprit l’arrestation de trois de ses collègues, elle parcourut 25 miles à vélo pour se rendre dans le camp allemand où ils étaient détenus. Elle rencontra un officier des SS et, prétendant être la nièce du maréchal Montgomery, elle le convainquit de libérer les prisonniers en menaçant de représailles.

Dans ses autres exploits, elle convainquit plus de 2 000 soldats polonais enrôlés dans l’armée allemande de déserter.

La fin

Malgré ses exploits, les services secrets britanniques mirent fin à sa carrière juste avant la fin de la guerre, lui octroyant une pension de 100 livres par mois. Elle tenta de reprendre du service, mais toutes ses demandes furent rejetées. Le gouvernement britannique refusa également de lui accorder la nationalité britannique.

En signe de reconnaissance, elle se vit proposer la médaille de l’Ordre de l’Empire britannique, mais elle refusa, ce qui embarrassa le gouvernement. Finalement, elle accepta les distinctions honorifiques.

Après une vie pleine d’aventures, Krystyna eut du mal à s’adapter à une existence calme et monotone. Elle travailla comme serveuse, vendeuse chez Harrods, et finit par devenir femme de ménage sur un bateau de croisière. C’est là qu’elle fit la rencontre de son assassin, un superviseur obsédé par elle. Après avoir refusé sa demande en mariage, il la suivit et la poignarda dans un hôtel londonien en 1952.

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